- Santé
La différence de taux de mortalité infantile entre le Japon et les États-Unis n’est pas liée à la couverture vaccinale des enfants
À retenir:
Les preuves scientifiques montrent que les ingrédients des vaccins, y compris les sels d’aluminium, sont sûrs et ne sont pas liés à la mortalité infantile. La mortalité infantile se définit comme le décès d’un nourrisson avant son premier anniversaire. Les malformations congénitales, le syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN), la prématurité, le faible poids à la naissance et les blessures sont des causes fréquentes de mortalité infantile.
ÉLÉMENT ANALYSÉ
Verdict :
Affirmation :
DÉTAIL DU VERDICT
Factuellement faux:
Les recherches scientifiques ont démontré que les ingrédients des vaccins, aux niveaux où ils sont utilisés, sont sûrs et ne sont pas associés à une hausse de la mortalité infantile.
Erroné:
Bien que les taux de mortalité infantile soient plus bas au Japon qu’aux États-Unis, cela n’est pas dû à l’élimination de la vaccination infantile au Japon. En réalité, la couverture vaccinale pour la rougeole et la rubéole au Japon est comparable à celle des États-Unis.
AFFIRMATION COMPLÈTE
“Le Japon n’a AUCUN mandat de vaccin, mais atteint les enfants LES PLUS SAINS dans le monde” ; La mortalité infantile est plus élevée aux États-Unis qu’au Japon malgrés la vaccination suggérant que “se faire vacciner rend en fait une personne malsaine à long terme”.
Vérification
Une publication a suggéré un lien entre l’absence de vaccination chez les enfants Japonais et leur supposée meilleure santé par rapport aux enfants américains. L’AFP avait analysé cette affirmation et montré qu’elle était inexacte.
Une vidéo anglophone publiée sur Instagram le 12 février 2024 reprend cette affirmation et remet en question le calendrier de vaccination actuellement recommandé par les Centers for Disease Control and Prevention (CDC) pour les enfants et les adolescents aux États-Unis.
La vidéo avait été visionnée plus de 21 000 fois au moment de la rédaction. Comme nous l’expliquerons ci-dessous, elle reprend de nombreuses affirmations incorrectes sur les vaccins qui ont déjà été réfutées.
Le Japon n’a pas supprimé son calendrier de vaccination recommandé pour les enfants ; les taux de vaccination au Japon et aux États-Unis sont similaires
Parmi les affirmations de la vidéo figure l’idée que le taux de mortalité infantile au Japon serait inférieur à celui des États-Unis en raison de différences dans les politiques vaccinales des deux pays.
S’il est vrai que le Japon n’impose plus de vaccinations obligatoires depuis l’entrée en vigueur de sa loi sur la vaccination en 1994[1], la Société Japonaise de Pédiatrie recommande toujours un calendrier vaccinal de routine pour les enfants. Ce calendrier est largement similaire aux recommandations pour les enfants et adolescents aux États-Unis et en France — y compris pour la rougeole et la rubéole, que la vidéo affirme à tort ne plus être administrées au Japon.
Les taux de vaccination au Japon sont également similaires à ceux des États-Unis et le restent depuis trois décennies. Selon le formulaire commun de déclaration de la vaccination de l’OMS et de l’UNICEF, la couverture vaccinale pour la rougeole et la rubéole au Japon est restée relativement stable depuis 1995, indépendamment de la suppression de l’obligation vaccinale l’année précédente.
Les données montrent que la couverture vaccinale pour la première dose de vaccin contre la rougeole se situe entre 95 et 98 %. Ces chiffres sont comparables à ceux des États-Unis, où la couverture atteint environ 91 % pour une première dose, et à la France avec une couverture de 95%. La couverture pour le vaccin contre la rubéole suit une tendance similaire, avec une couverture de 95 à 98 % au Japon contre 91 % aux États-Unis et 95% en France.
Les taux de mortalité infantile ne sont pas corrélés à la vaccination
S’il est vrai que les taux de mortalité infantile sont plus bas au Japon (1,7 décès pour 1 000 naissances vivantes) qu’aux États-Unis (5,4 décès pour 1 000 naissances vivantes), cette différence n’est pas corrélée à la vaccination des enfants, étant donné que la couverture vaccinale est similaire dans les deux pays.
Les États-Unis se distinguent par le taux de mortalité infantile le plus élevé parmi les pays à revenu élevé, malgré des dépenses de santé supérieures à celles de tout autre pays de cette catégorie. En réalité, le taux de mortalité infantile aux États-Unis est plus élevé que dans les autres pays à revenu élevé depuis près de deux décennies. En 2005, des chercheurs du National Center for Health Statistics (NCHS) des États-Unis ont identifié le plus grand nombre de naissances prématurées comme un facteur majeur contribuant à la mortalité infantile[2].
Les naissances prématurées restent une cause principale de mortalité infantile, aux côtés des malformations congénitales, du syndrome de mort subite du nourrisson et des blessures, selon les CDC.
Plus récemment, des chiffres provisoires du NCHS ont montré qu’en 2022, la mortalité infantile avait augmenté pour la première fois en vingt ans. Les causes de cette hausse ne sont pas encore totalement claires, bien que des experts signalent une prévalence accrue de problèmes de santé maternelle, ainsi qu’un nombre croissant de femmes débutant leur grossesse avec des affections chroniques préexistantes, comme l’hypertension artérielle.
De plus, l’augmentation de la mortalité infantile suit depuis longtemps des lignes de fracture raciale très marquées. Les données du NCHS pour 2022 confirment cette tendance : les bébés nés de mères noires non hispaniques, amérindiennes ou natives de l’Alaska présentent un risque de décès plus de deux fois supérieur à celui des bébés nés de mères blanches non hispaniques ou hispaniques.
Références:
- Nakano T. (2023) Changes in vaccination administration in Japan. Vaccine.
- MacDorman and Mathews. (2010) Behind international rankings of infant mortality: How the United States compares with Europe. International Journal of Social Determinants of Health and Health Services.