- Santé
L’étude du projet ‘Global COVID Vaccine Safety’ ne montre pas que les risques des vaccins COVID-19 soient supérieurs à leurs avantages; l’étude n’a que mis en évidence des risques déjà connus
À RETENIR:
Aucune intervention médicale, y compris les vaccins, n’est totalement exempte de risques. Bien que les vaccins contre le COVID-19 soient associés à un certain risque de complication, notamment la myocardite et un type particulier de caillot sanguin, le COVID-19 lui-même est associé à un risque beaucoup plus élevé de développer des troubles cardiovasculaires, neurologiques et hématologiques. Se faire vacciner réduit le risque de maladie grave et de décès. Les avantages des vaccins contre le COVID-19 l’emportent sur leurs risques.
ÉLÉMENT ANALYSÉ
Verdict:
Claim:
DÉTAIL DU VERDICT
Factuellement faux:
Plusieurs études ont découvert que les vaccins contre le COVID-19 sont associés à un risque plus faible de divers problèmes de santé, y compris les troubles cardiovasculaires, neurologiques et hématologiques, que le COVID-19 lui-même.
Déforme les propos de la source:
La plupart des signaux de risque détectés dans l’étude étaient déjà connus depuis 2021. Ceux-ci incluent la myocardite consécutive à la vaccination à ARN messager et la thrombose veineuse cérébrale sinusale consécutive à la vaccination par vecteur viral. L’étude ne montre pas que les risques des vaccins contre le COVID-19 surpassent leurs avantages.
AFFIRMATION COMPLÈTE
Vérification
Fin février 2024, une vague de publications sur les réseaux sociaux a émergé au sujet d’une nouvelle étude parue dans le journal scientifique Vaccine. Cette étude fait partie du projet Global COVID Vaccine Safety qui vise à analyser les événements indésirables suivant la vaccination[1].
En France comme à l’étranger, de nombreuses publications ont cité cette étude comme preuve que les vaccins contre le COVID-19 étaient dangereux et pouvaient “déclencher de graves effets secondaires”. Les titres de plusieurs articles ont également décrit l’étude comme ayant trouvé des problèmes de santé liés aux vaccins COVID-19, sans plus de contexte.
Aucune de ces affirmations n’est nouvelle – elles ont surgi à répétition durant la pandémie de COVID-19, chaque fois en se fondant sur une interprétation inexacte et trompeuse de diverses données et études scientifiques.
Comme nous l’expliquons ci-dessous, de telles représentations de l’étude du Global COVID Vaccine Safety déforment ses conclusions et promeuvent un récit anti-vaccin.
Que faisait l’étude et qu’a-t-elle trouvé ?
L’étude fait partie d’un travail collaboratif continu du Global Vaccine Data Network (GVDN) pour évaluer la sécurité des vaccins contre le COVID-19. Le GVDN est décrit comme « une collaboration multinationale apte à mener des études épidémiologiques coordonnées à l’échelle mondiale sur la sécurité et l’efficacité des vaccins, y compris les vaccins contre le COVID-19 ».
L’un des principaux avantages de l’étude est son très grand échantillon, qui comprend plus de 99 millions de personnes de huit pays. Cela permet à l’étude d’identifier des événements indésirables très rares qui pourraient ne pas être détectés en utilisant des données d’un seul pays ou région. De plus, la collaboration entre plusieurs pays permet au projet de standardiser les approches et d’évaluer plus rapidement les possibles sources de préoccupation en matière de sécurité vaccinale.
L’étude a retenu pour analyse les événements indésirables déjà connus pour être associés à la vaccination en général. Quatorze vaccins ont été inclus dans l’étude, les plus connus, comme les vaccins à ARN messager de Pfizer-BioNTech et Moderna, le vaccin Janssen et Novavax, mais aussi ceux comme Sinovac et Sputnik. Le risque d’événements indésirables a été évalué à différents moments après la vaccination, jusqu’à 42 jours.
La plupart des risques détectés dans l’étude étaient déjà connus depuis 2021. En particulier, l’étude a identifié une association entre la myocardite et la péricardite après les vaccins à ARN messager, et une association entre le syndrome de Guillain-Barré et la thrombose veineuse cérébrale sinusale (un type de caillot de sang dans le cerveau) après les vaccins à vecteur viral.
L’étude a également détecté de possibles risques après les vaccins à vecteur viral et à ARN messager tel que l’encéphalomyélite aiguë disséminée (ADEM, inflammation et gonflement du cerveau et de la moelle épinière). Ces signaux de risque restent toutefois à l’état de suspicion. En effet, leur nombre est très limité (sept cas observés pour 10,5 millions de doses administrées) et leur survenue ne semble pas obéir à un schéma cohérent et reproductible. En conséquence, les auteurs ont conclu que des études plus approfondies seraient nécessaires.
L’étude possède toutefois certaines limitations. Par exemple, les différences dans les systèmes de santé et de pharmacovigilance des pays, qui «peuvent introduire un biais et affecter la comparabilité des résultats». De plus, les taux d’incidence de référence des événements indésirables, utilisés comme point de comparaison pour les taux d’incidence des événements indésirables après vaccination, ne prennent pas en compte certains facteurs comme les conditions médicales préexistantes.
Les conclusions de l’étude confirment ce que nous savons déjà sur les risques des vaccins contre la COVID-19 et ne démontrent pas que les risques surpassent les avantages
Certains contenus à ce sujet ont laissé entendre que l’étude avait révélé de nouveaux risques associés aux vaccins COVID-19. Comme nous l’avons déjà noté ci-dessus, cela est inexact. La plupart des événements indésirables détectés dans l’étude l’avaient déjà été dès 2021 et sont reconnus par les autorités de santé[2-7].
Nous avons contacté l’un des auteurs de l’étude, Helen Petousis-Harris, co-directrice du GVDN et professeure associée à l’Université d’Auckland.
Dans un courriel, Petousis-Harris a expliqué que leurs «résultats sont cohérents avec les connaissances antérieures mais ajoutent plus de détails grâce à la taille et à la diversité de la population observée». Elle a averti que «ce type d’étude ne nous informe pas sur le risque ou la causalité, il est utilisé pour la détection de signaux de risques potentiels qui devraient être suivis».
Par conséquent, les sous-entendus de certains posts sur les réseaux sociaux que les risques rapportés dans l’étude étaient une révélation ou n’avaient pas été reconnus par les autorités est inexacte.
Petousis-Harris a également réfuté les affirmations selon lesquelles l’étude montrait que les risques des vaccins COVID-19 surpassaient leurs avantages.
«Aucun vaccin n’est sans risque à 100%, mais les risques des vaccins contre le COVID-19 sont extrêmement faibles. Les risques liés à l’infection sont bien plus élevés», a-t-elle déclaré.
En effet, bien que les vaccins COVID-19 à ARN messager soient associés à un risque légèrement élevé de myocardite et que les vaccins à vecteur viral soient associés à un type particulier de caillot sanguin, des études ont montré que le risque de complications cardiaques et de caillots sanguins associés au COVID-19 est plus grand[7-9].
Elle a également contrecarré l’affirmation selon laquelle l’étude présentait des conclusions «horrifiantes». «Les résultats sont rassurants», a-t-elle dit, car «cette vaste étude n’a rien révélé d’inattendu qui n’avait pas déjà été soulevé auparavant […] et montre que ces événements indésirables sont très rares ».
References:
- 1- Faktova et al. (2024) COVID-19 vaccines and adverse events of special interest: A multinational Global Vaccine Data Network (GVDN) cohort study of 99 million vaccinated individuals. Vaccine.
- 2 – Mevorach et al. (2021) Myocarditis after BNT162b2 mRNA Vaccine against Covid-19 in Israel. New England Journal of Medicine.
- 3 – Simone et al. (2021) Acute Myocarditis Following COVID-19 mRNA Vaccination in Adults Aged 18 Years or Older. JAMA Internal Medicine.
- 4 – Witberg et al. (2021) Myocarditis after Covid-19 Vaccination in a Large Health Care Organization. New England Journal of Medicine.
- 5 – Montgomery et al. (2021) Myocarditis Following Immunization With mRNA COVID-19 Vaccines in Members of the US Military. JAMA Cardiology.
- 6 – See et al. (2021) US Case Reports of Cerebral Venous Sinus Thrombosis With Thrombocytopenia After Ad26.COV2.S Vaccination, March 2 to April 21, 2021. JAMA.
- 7 – Hippisley-Cox et al. (2021) Risk of thrombocytopenia and thromboembolism after covid-19 vaccination and SARS-CoV-2 positive testing: self-controlled case series study. BMJ.
- 8 – Knight et al. (2022) Association of COVID-19 With Major Arterial and Venous Thrombotic Diseases: A Population-Wide Cohort Study of 48 Million Adults in England and Wales. Circulation.
- 9 – Barda et al. (2021) Safety of the BNT162b2 mRNA Covid-19 Vaccine in a Nationwide Setting. New England Journal of Medicine.