- Santé
Le SADS est causé par des mutations génétiques qui affectent le fonctionnement du coeur, aucunes données ne le relie aux vaccins contre le COVID-19
À retenir
La description des cas de syndrome de mort subite par arythmie (SADS) remontent au début des années 90. Le SADS est causé par des mutations génétiques qui perturbent le fonctionnement des courants électriques régulant la pompe cardiaque. Cela peut produire des rythmes cardiaques anormaux (arythmie) et des arrêts cardiaques soudains. Certaines personnes porteuses de ces mutations peuvent ne présenter aucun symptôme, alors que d’autres sont sujettes à des évanouissements lors de stress physiques ou émotionnels. La SADS Foundation américaine recommande que les gens souffrant de SADS se vaccinent contre le COVID-19.
éléMent Analysé
Verdict:
Claim:
détails Du Verdict
Preuves insuffisantes:
L’affirmation que la vaccination contre le COVID-19 a causé des morts subites chez l’adulte n’est supportée par aucune preuve scientifique.
Erroné:
Le SADS résulte de maladies génétiques entraînant un dysfonctionnement du système électrique cardiaque. Il n’y a aucune preuve suggérant que la vaccination y soit liée.
Affirmation ComplÈTe
Vérification
Les campagnes massives de vaccination contre le COVID-19 ont été accompagnées par l’émergence d’un récit sur Internet selon lequel les jeunes adultes, dont des athlètes, seraient confrontés à de plus en plus de cas de morts subites.
Bien que plusieurs organismes de presse et de fact-checking comme Reuters, le Washington Post, PolitiFact et FactCheck.org aient montré la vacuité des affirmations liées à cette thématique et leurs liens avec les milieux anti-vaccin, des affirmations similaires ont continué à circuler au cours de l’année 2022.
Ces affirmations font généralement état du syndrome connu sous le nom de syndrome de mort subite par arythmie (SADS, sudden arrythmia death syndrom), parfois nommé syndrome de la mort subite de l’adulte (sudden adult death syndrome). Elles suggèrent que le SADS serait nouveau ou en nette augmentation et que les vaccins contre le COVID-19 en seraient responsables.
Un exemple de ces affirmations est le post Facebook du 8 juin 2022 de la commentatrice politique états-unienne Candace Owens où elle partage un article du Daily Mail intitulé “La mort soudaine des jeunes adultes reste un mystère pour les médecins”. Dans la légende de son post, Owens a écrit qu’elle « voulait simplement déclarer publiquement que [ses] enfants ne sont et ne seront jamais vaccinés » et a demandé à ses lecteurs : « Avez-vous lu que de jeunes adultes meurent soudainement et que les médecins ne savent pas pourquoi ? » Le commentaire d’Owens sur le fait que ses enfants n’ont pas été vaccinés, associé au titre du Daily Mail, peut induire les lecteurs à penser que les « morts subites » sont liées à la vaccination par le COVID-19. Les nombreux commentaires d’utilisateurs hostiles à la vaccination sous le post Facebook d’Owens en sont la preuve.
Suite à un article de fact-checking de PolitiFact, Owens s’est défendue dans un commentaire, déclarant: « je n’ai pas dit que les vaccins étaient liés au SADS. J’ai dit qu’il y avait une nouvelle maladie ‘mystérieuse' ».
D’autres personnes ont en revanche été plus explicites, comme la climatosceptique Joanne Nova.
Il est cependant inexact de dire que le SADS est un phénomène nouveau. Les rapports sur le SADS remontent au début des années 1990[1]. En France, l’Académie de Médecine expliquait en 2010 que les chercheurs avaient commencé dès les années 80 à collecter les données sur l’arrêt cardiaque de personnes apparemment en bonne santé. L’Académie estime que le SADS affecte aujourd’hui environ 1000 personnes par jour en Europe.
Par ailleurs, aucun élément n’indique que les vaccins contre le COVID-19 sont associés d’une manière ou d’une autre au SADS. La popularité de cette croyance repose probablement sur le fait que les vaccins de Pfizer-BioNTech et de Moderna ont été associés à un risque accru de myocardite. Or, les myocardites et le SADS sont deux conditions médicales distinctes, comme l’explique l’AFP.
D’ailleurs, l’article du Daily Mail lui-même ne fait pas référence aux vaccins ni ne prétend qu’il y aurait un pic inhabituel de « morts subites de jeunes gens ». En fait, l’article fait état d’un reportage de news.com.au concernant le décès d’une femme suite au SADS et la mise en place d’un registre de ce genre de cas en Australie.
Le SADS se produit à la suite d’un arrêt cardiaque soudain et peut également concerner des personnes jeunes, apparemment en bonne santé. Le SADS est le résultat de mutations génétiques qui perturbent le fonctionnement normal du système électrique qui régule l’action de pompage du cœur. Plusieurs maladies peuvent causer le SADS, comme le syndrome du QT long, le syndrome de Brugada et le syndrome de Timothy. Ces affections peuvent provoquer une arythmie, c’est-à-dire un rythme cardiaque anormal, qui peut entraîner un arrêt cardiaque soudain. Certaines personnes atteintes de ces pathologies ne présentent aucun symptôme, tandis que d’autres sont sujettes à des crises et à des évanouissements en cas de stress physique ou émotionnel.
Ainsi, ces problèmes sont dus à des mutations génétiques. Il n’y a aucune preuve que le SADS soit causé par le vaccin COVID-19. D’ailleurs, la SADS Foundation états-unienne recommande aux personnes souffrant d’affections associées au SADS de se faire vacciner contre le COVID-19.
Enfin, rien ne vient étayer l’affirmation selon laquelle il y aurait eu une augmentation inhabituelle du nombre de jeunes gens en bonne santé décédés subitement. Pour le prouver, il serait nécessaire d’avoir accès à des données complètes et fiables sur la mortalité en 2022. Or ce genre d’analyse rétrospective de la mortalité prend généralement du temps. Par conséquent, cette affirmation est prématurée et invérifiable à la publication de cet article.
Toutefois, Full Fact rapporte que les agences de santé canadiennes n’ont pas enregistré d’augmentation de SADS depuis le début du déploiement des vaccins COVID-19 à la fin de l’année 2020.
La situation est similaire au Royaume-Uni. Les données sur la mortalité du service de statistiques du pays, l’ONS, permettent de recenser le nombre de décès dus au SADS. Selon l’ONS, ces évènements sont repérés sur les certificats de décès par les codes R96 (“autre mort subite, cause inconnue”), I49.9 (“arythmie cardiaque non spécifiée”) ou I46.1 (“mort cardiaque subite”). Or il apparaît que le nombre de ces décès est resté stable avant et pendant la pandémie, y compris pendant l’année 2021: entre 321 et 327 décès entre 2017 et 2019, 332 décès en 2020 et 301 en 2021.
Enfin, la FIFA, l’organe suprême du football association, a déclaré à Reuters qu’elle n’était « pas au courant d’une augmentation des épisodes d’arrêts cardiaques » et qu’aucun cas n’a été signalé en relation avec des personnes ayant reçu un vaccin COVID ».
En conclusion, il est erroné de suggérer un lien de causalité entre le SADS et les vaccins contre le COVID-19. Le SADS n’est pas un phénomène nouveau, et dépend principalement des caractéristiques génétiques des individus, indépendamment, donc, de leur statut vaccinal. Les autorités de santé de plusieurs pays n’ont par ailleurs pas recensé d’augmentation du SADS depuis la mise en place des campagnes de vaccination. Ainsi, les vaccins contre le COVID-19 ne sont pas associés à une hausse de la mortalité.
RÉfÉrences
- Behr et al. (2007) Sudden arrhythmic death syndrome: a national survey of sudden unexplained cardiac death. Heart.