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Climat versus météo : quelles sont les différences et comment dissiper la confusion

Posté le : 29 Nov 2024

Quelle est la différence entre « climat » et « météo » ? Bien qu’ils soient liés, ces deux concepts sont distincts et se mesurent à des échelles de temps très différentes. Malgré cela, certaines personnes utilisent ces termes de manière interchangeable, générant une certaine confusion et de la désinformation sur le changement climatique.

Par exemple, dans un post X comptabilisant plus de 12 000 vues en 5 jours, Silvano Trotta, un propagateur de désinformation, indique : “Risque de neige et verglas dans 28 départements demain. Vive le réchauffement climatique !” Le quotidien Le Monde rapportait dans un article un débat nommé “Le refroidissement climatique ?” dans l’émission L’heure des pros de Pascal Praud sur CNews. On y entendait des propos comme : « Moins trois degrés ce matin dans les Yvelines, moins un degré hier à Troyes. Attention, sujet sensible, on ne rigole pas avec le réchauffement climatique. » Ces propos visent à nier l’existence du réchauffement climatique, sur la base de phénomènes météorologiques.

Ce type d’affirmation est loin d’être nouveau. Ces dernières années, des arguments trompeurs similaires ont circulé sur internet, associant à tort le changement climatique à des changements météorologiques ou saisonniers à court terme – en voici quelques exemples :

  • “À mon époque, nous appelions ‘changement climatique’ la météo.”
  • “Il fait froid dehors… qu’est-il arrivé au réchauffement climatique ?”
  • “Les changements climatiques actuels font simplement partie du cycle naturel des saisons.”
  • “Si nous ne pouvons même pas prévoir à 100 % la météo qu’il fera dans quelques jours ou quelques semaines, comment pourrions-nous prévoir les changements climatiques à venir ?”

La plupart de ces affirmations pourraient être facilement résolues en consultant les définitions du climat et de la météo, qui sont nettement différentes : la météo est mesurée à des échelles de temps quotidiennes et hebdomadaires, et le climat sur des décennies ou plus. Cependant, en allant plus loin, une question intéressante se pose : pourquoi le changement climatique diffère-t-il des changements météorologiques à court terme ? Nous nous pencherons sur cette question ci-dessous.

Source : Météo France

À RETENIR :

  • La météo fait référence aux changements à court terme (quelques jours à quelques semaines) des conditions atmosphériques (précipitations, température, vent, etc.).
  • Le changement climatique fait référence aux changements à long-terme (quelques décennies à des millions d’années) dans le système climatique terrestre.
  • Le système climatique terrestre est complexe et ne se limite pas aux changements météorologiques ; il comprend plusieurs composantes de la Terre et les interactions entre elles [par exemple, l’atmosphère (couches gazeuses) et l’hydrosphère (eau) de la Terre].
  • Le réchauffement climatique est une tendance à long-terme (généralement des décennies ou plus) qui n’est pas « invalidée » par de courtes périodes de temps froid.
  • Le changement climatique est influencé à la fois par les activités humaines et les processus naturels ; toutefois, les études montrent sans équivoque que le réchauffement climatique récent est dû aux émissions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines, et non à la variabilité naturelle.
  • La compréhension du changement climatique par les climatologues repose sur une solide connaissance des processus physiques sur Terre. Grâce à cette compréhension, ils peuvent savoir avec une grande certitude que certains changements se produiront, malgré les incertitudes liées à la détermination précise de l’ampleur de ces changements.

LE CLIMAT ET LA MÉTÉO SONT DES CONCEPTS DIFFÉRENTS – LE CHANGEMENT CLIMATIQUE SE PRODUIT À DES ÉCHELLES DE TEMPS BEAUCOUP PLUS LONGUES

La météo est un élément important de notre vie quotidienne, et l’un des sujets qui revient le plus souvent dans nos conversations quotidiennes. Les changements météorologiques quotidiens et hebdomadaires sont inévitables et dictent souvent la façon dont nous planifions nos activités et nos voyages. Qu’en est-il du changement climatique ?

Les conversations sur le changement climatique se sont intensifiées ces dernières années, car les scientifiques ont constaté sans équivoque[1] des changements déjà en cours, ainsi que des changements climatiques plus graves prévus à l’avenir[2].

Bien que les conditions météorologiques jouent un rôle important dans la définition du climat, elles ont des significations distinctes. Contrairement aux changements météorologiques qui se produisent sur une courte période, le climat de la Terre est évalué sur des périodes beaucoup plus longues, comme l’explique Météo France : “Le climat est une moyenne des conditions météorologiques sur une longue période, plusieurs décennies. Pour l’étudier, on réalise des statistiques des conditions atmosphériques sur de longues périodes données.” L’Organisation météorologique mondiale (OMM) utilise une période de 30 ans pour déterminer le climat moyen. Rien que par leurs définitions, il existe une différence évidente entre les échelles de temps de la météo et du climat. Quelles sont les autres différences ?

Le climat terrestre est complexe et, si l’on s’y réfère de manière plus large, il ne se limite pas aux changements météorologiques moyennés à long-terme. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) explique que le climat décrit les conditions météorologiques moyennes sur de longues périodes; mais il précise également que « au sens large, le climat est l’état, y compris à travers une description statistique, du système climatique. »[3]

Cette définition plus générale établit deux différences importantes : premièrement, elle définit le climat non seulement comme des tendances météorologiques, mais aussi comme un système climatique. Deuxièmement, elle mentionne les « descriptions statistiques », qui permettent aux scientifiques de replacer les tendances observées dans les données dans leur contexte. Par exemple, en utilisant les températures moyennes du monde entier, les scientifiques peuvent mieux détecter et expliquer les changements globaux sur la Terre, plutôt que de s’appuyer sur des données provenant d’une seule région. Avant de détailler d’autres exemples, qu’est-ce que le « système climatique » ?

Le système climatique comprend les composantes suivantes de la Terre et les interactions entre elles[3] (voir figure 1) :

  • Atmosphère (couches extérieures gazeuses de la Terre)
  • Hydrosphère (l’eau)
  • Cryosphère (glace et neige)
  • Lithosphère (croûte terrestre et manteau supérieur)
  • Biosphère (écosystème terrestre composé de tous les êtres vivants)
Figure 1 – Schéma montrant les différentes composantes du système climatique terrestre, incluant la biosphère, l’hydrosphère, l’atmosphère, la lithosphère (c’est-à-dire la surface terrestre) et la cryosphère. Source : d’aprèsGIEC (2001) [4]

La Terre est en perpétuel changement – une interaction dynamique entre ces différents composants conduit à différents états du système climatique. Par exemple, lorsque le dioxyde de carbone (CO2) augmente dans l’atmosphère, les températures s’élèvent en raison de l’effet de serre[1,5,6]. Cependant, à l’apport de CO2 dans l’atmosphère par des processus terrestres s’ajoutent aussi des échanges de gaz (H2O, CO2, etc.) entre les océans et l’atmosphère. Ainsi, les composantes du climat terrestre ne changent pas de manière isolée, mais font partie d’un système dynamique et interconnecté.

Étant donné la nature dynamique du système climatique, les scientifiques ont besoin de moyens pour identifier les variations significatives. C’est là que les « descriptions statistiques » auxquelles nous avons fait référence précédemment jouent un rôle important. Les statistiques peuvent être considérées comme un langage commun utilisé par les scientifiques pour déterminer et interpréter ce que les données montrent (par exemple, comment la température moyenne à la surface du globe évolue-t-elle dans le temps ?).

Le GIEC explique :

« Le changement climatique désigne une modification de l’état du climat qui peut être identifiée (par exemple, à l’aide de tests statistiques) par des variations de la moyenne et/ou de la variabilité de ses propriétés et qui persiste pendant une période prolongée, généralement des décennies ou plus. »[3]

En d’autres termes, même si le climat de la Terre varie dans le temps (on parle de « variabilité interne naturelle »), les scientifiques sont en mesure d’utiliser les statistiques pour déterminer quand cette variabilité ou les conditions « moyennes » du climat ont changé.

Par exemple, en utilisant des descriptions statistiques, les scientifiques peuvent analyser et décrire les tendances de la température globale à l’aide de plusieurs décennies de données et identifier les tendances malgré les fluctuations à court-terme des données. Les statistiques permettent aux climatologues d’examiner les données et de dire « oui, les températures ont augmenté et baissé sur de courtes périodes – certains jours ou semaines étant exceptionnellement plus chauds ou plus froids que la normale – mais voici comment ces hausses et ces baisses évoluent sur de longues périodes de temps ». Si les données montrent que la quasi-totalité des mesures sont en hausse – les maxima et les minima sont plus élevés que la normale –, les climatologues peuvent conclure que les températures augmentent globalement. Sans descriptions statistiques, il serait très difficile de distinguer ce « signal » climatique à long-terme du « bruit » à court-terme.

Pour visualiser comment ces modèles peuvent émerger de données fluctuantes, nous pouvons utiliser l’analogie d’une personne promenant son chien et imaginer les chemins tracés.

Imaginez observer d’en haut une personne qui promène son chien en laisse entre des points imaginaires A et B (voir figure 2). Dans ce scénario, la personne marche en ligne droite du point A au point B, mais son chien zigzague en chemin. Si l’on retrace le parcours de la personne, un schéma clair se dessine : une ligne droite du point A au point B (c’est-à-dire une tendance).

Mais si l’on observe le parcours sinueux du chien, il est plus difficile de discerner sa direction générale. En revanche, si l’on observe la tendance de la trajectoire du chien – simplifiée sous la forme d’une ligne droite – elle ressemble à celle de son maître.

Les légères déviations du chien correspondent aux fluctuations météorologiques court-terme, et la trajectoire de la personne est une analogie de la tendance climatique globale – c’est-à-dire de la façon dont les « hauts et les bas » évoluent à long-terme. Cette visualisation montre comment des tendances climatiques plus larges (comme le réchauffement de la planète) peuvent être identifiées sur des périodes plus longues, malgré les fluctuations météorologiques à court-terme (comme une semaine anormalement froide).

Figure 2 – Schéma montrant qu’une tendance peut être observée dans un ensemble de données « fluctuantes ». Cette figure illustre le scénario hypothétique d’une personne promenant son chien d’un point A à un point B. Notez que malgré les fluctuations de la trajectoire du chien (orange), la trajectoire de la personne (noir) montre toujours une tendance claire du point A au point B.

Cependant, l’analogie ci-dessus simplifie à l’extrême ce que les climatologues font pour identifier les tendances climatiques. Compte tenu de la complexité du climat de la Terre, comment les scientifiques déterminent-ils les changements qui s’y produisent ? Ils surveillent les « indicateurs climatiques », c’est-à-dire les variations dans certaines parties du système climatique (le contenu thermique des océans, les températures moyennes globales, le niveau moyen global de la mer, etc.) qui indiquent les variations dans l’état du climat. En analysant et en surveillant les différents indicateurs du système climatique, les scientifiques sont en mesure d’évaluer les variations ayant eu lieu et la manière dont l’homme y a contribué.

La figure 3 présente un certain nombre de ces indicateurs, leur évolution sur des périodes allant de quelques décennies à plus de 100 ans, ainsi qu’une évaluation de la contribution humaine à ces variations. Ces conclusions sont tirées du rapport de synthèse sur le changement climatique (2023) du GIEC, qui est « l’évaluation la plus complète du changement climatique entreprise à ce jour par le GIEC. »[2]

Notez que la figure 3 montre le degré de confiance associé à la fois aux variations observées et à la contribution humaine à ces variations. Il s’agit là encore d’un exemple de l’importance des « descriptions statistiques » mentionnées auparavant. Certaines données ont une « signification statistique » plus élevée, ce qui donne aux scientifiques une plus grande certitude quant aux modèles et aux relations qu’ils observent dans les données.

Les incertitudes sont inhérentes aux modèles et aux méthodes d’analyse des tendances des données climatiques. Toutefois, pour certaines tendances et observations, les preuves sont si solides et les données si claires que les scientifiques peuvent tirer des conclusions proches de la « quasi-certitude » ou même être considérées comme des faits.

Figure 3 – Tableau montrant les variations observées dans les indicateurs de changement climatique pour différentes parties du système climatique. Les couleurs de la première colonne représentent le degré de confiance/certitude d’une variation donnée, et la deuxième colonne représente le degré de confiance/certitude de la contribution humaine à ce changement. Notez que pour de nombreux changements observés dans les indicateurs climatiques, l’Homme a été le principal facteur, avec une très forte probabilité. Source : GIEC (2023)[2]

Par exemple, la figure 3 indique clairement que certaines variations observées – telles que l’augmentation des températures moyennes mondiales en surface depuis 1850-1900[2] – se sont produites et que l’homme a contribué à ce changement. Ces deux éléments sont si solidement étayés par des preuves scientifiques que le GIEC les qualifie de faits – le niveau de certitude le plus élevé qu’il attribue.

Si nous reprenons l’analogie de la promenade du chien, la figure 4 montre que la température à la surface du globe a fluctué depuis 1850 (par analogie avec la trajectoire du chien en laisse qui zigzague), mais qu’elle présente toujours une tendance claire d’une forte augmentation au cours des dernières décennies (par analogie avec la trajectoire de la personne qui promène le chien).

Figure 4 – (a) Comparaison des températures observées à la surface du globe – enregistrées à partir de mesures directes – avec celles qui ont été reconstituées à partir des enregistrements paléoclimatiques. La ligne noire représente les observations, la ligne grise représente les reconstructions à partir des archives paléoclimatiques, et la zone grise avec des lignes blanches représente la fourchette « très probable » pour les reconstructions de température à partir de ces archives. (b) Changements observés et simulés de la température à la surface du globe de 1850 à 2020. La ligne noire représente 170 années de données d’observation et est comparée aux simulations du modèle climatique CMIP6 (Coupled Model Intercomparison Project Phase 6). La zone brune représente la réponse de la température aux facteurs humains et naturels et la zone verte aux seuls facteurs naturels (activité solaire et volcanique). Les lignes colorées pleines représentent les moyennes, et les zones ombrées représentent la fourchette « très probable » pour les modèles. Source : GIEC(2021)[7]

Les résultats présentés dans les figures 3 et 4 adressent un certain nombre d’affirmations que nous avons mentionnées dans l’introduction. Par exemple, les affirmations suggérant que le changement climatique actuel est « la même chose que les températures chaudes et froides de notre enfance » sont fausses. Si ces affirmations se réfèrent en fait à la météo, elles sont trompeuses car elles confondent à tort le climat et la météo. Si ces affirmations se réfèrent au climat mondial, elles sont inexactes, comme le montrent les relevés de température à la surface du globe (figure 4).

Comme nous l’avons expliqué précédemment, le climat et la météo ne sont pas identiques. Les gens peuvent avoir connu des vagues de chaleur et des périodes de froid courtes et/ou locales. Toutefois, les anecdotes de notre enfance n’annulent pas les tendances au réchauffement climatique que les scientifiques du monde entier ont constaté sans équivoque par des observations directes de la température[2].

En outre, les données de l’ensemble de la période d’observation – c’est-à-dire celle pour laquelle nous disposons de mesures directes de la température – de la figure 4 remontent à 1850. Cette date est bien antérieure à la naissance de toute personne actuellement en vie, et couvre donc toute période vécue par les personnes (en vie). Pour cette période, le GIEC explique que « chacune des quatre dernières décennies a été successivement plus chaude que toutes les décennies qui l’ont précédée depuis 1850. »[7]

Les affirmations selon lesquelles ces changements sont tout simplement « naturels » ou dus au « cycle naturel » sont également infondées dans le contexte des 2000 dernières années au moins. Comme l’explique la figure 4 du GIEC, « l’influence humaine a réchauffé le climat à un rythme sans précédent depuis au moins 2000 ans. »

En outre, comme le montre la figure 4, les scientifiques ont modélisé les variations de température à la surface du globe au cours de la période pour laquelle nous disposons de mesures directes, selon deux scénarios : « facteurs naturels et humains » et “facteurs naturels uniquement”. La figure montre que l’ajout de facteurs humains – comme les émissions de CO2 – entraîne une hausse plus importante des températures mondiales qui correspond davantage aux mesures directes, et que les forces naturelles (c’est-à-dire solaires et volcaniques) ne parviennent pas à expliquer à elles seules la hausse récente des températures mondiales.

Les scientifiques ont un degré élevé de certitude concernant plusieurs variations climatiques observées et leurs principaux facteurs d’influence, alors pourquoi certaines personnes remettent-elles encore ces changements en question ?

LES CHANGEMENTS CLIMATIQUES QUI SE PRODUISENT SUR PLUSIEURS DÉCENNIES SONT BEAUCOUP PLUS DIFFICILES À REMARQUER QUE LES CHANGEMENTS QUOTIDIENS QUE NOUS VIVONS AVEC LA MÉTÉO

Les tendances climatiques ayant lieu sur de longues périodes, un décalage peut exister entre ce que les gens « pensent » du climat de la Terre – qu’ils appuient sur les conditions météorologiques à court-terme – et ce que les climatologues ont découvert en analysant des données long-terme. Ce n’est toutefois pas une surprise, car les gens sont habitués à suivre les changements météorologiques sur des jours ou des semaines, et non sur des décennies, voire plus.

En d’autres termes, la compréhension du concept de variation météo est intuitive étant donné notre expérience quotidienne de ces changements. Lorsque nous voyons arriver des nuages gris et vaporeux, nous pouvons nous attendre à ce qu’il pleuve. Lorsque les feuilles commencent à bruisser, nous pouvons supposer que le vent se lève. Cependant, étant donné les longues échelles de temps auxquelles le changement climatique est évalué, les preuves sont moins tangibles.

C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles le changement climatique et les variations météo sont facilement confondus : le changement climatique est plus difficile à observer dans nos expériences quotidiennes, et il est donc plus facile de les mettre dans le même sac d’un point de vue conceptuel. Cependant, bien qu’ils soient différents, le climat peut influencer les événements météorologiques, comme nous le verrons ci-dessous.

LES ÉVÉNEMENTS MÉTÉO COURT-TERME NE SONT PAS DES TENDANCES CLIMATIQUES ; TOUTEFOIS, LE CHANGEMENT CLIMATIQUE PEUT INFLUENCER LES ÉVÉNEMENTS MÉTÉO À PLUS LONG TERME

Dans la dernière section, nous avons expliqué que l’une des principales différences entre le climat et la météo est leur échelle de temps. Le changement climatique est enregistré à long-terme (généralement des décennies ou plus), tandis que la météo est surveillée à court-terme (des jours ou des semaines). Ainsi, de par leur définition, le climat et la météo sont des concepts différents. Ils n’en sont pas moins liés : les changements climatiques peuvent influencer les conditions météorologiques.

Une courte anomalie météorologique – telle qu’une semaine anormalement froide en été – n’est pas suffisante pour tirer des conclusions sur les tendances générales du changement climatique. Toutefois, le changement climatique peut – et a déjà – modifié la fréquence et la gravité de certains phénomènes météorologiques[1]. Le GIEC explique : « Les variations régionales de l’intensité et la fréquence des extrêmes climatiques suivent généralement l’évolution du climat » et « même de relativement faibles augmentations du réchauffement climatique (+ 0,5°C) entraînent des variations statistiquement significatives des extrêmes à l’échelle mondiale et pour de grandes régions (avec un degré de confiance élevé). »[8]

Il existe plusieurs types d’événements météorologiques pour lesquels les climatologues sont certains de l’influence du changement climatique – et dans certains cas du rôle des activités humaines dans ces variations. Par exemple, le GIEC explique que la fréquence et l’intensité des précipitations et des vagues de chaleur extrême ont augmenté dans la plupart des régions terrestres depuis les années 1950[7]. À l’échelle mondiale, le GIEC explique qu’il est pratiquement certain que cette tendance a été observée/détectée et qu’il est extrêmement probable que l’homme en soit le principal responsable.

Plusieurs autres phénomènes météorologiques extrêmes ont changé à l’échelle mondiale :

  • des journées et nuits plus chaudes et/ou plus fréquente sur la plupart des surfaces continentales
  • des vagues de froid de moins en moins fréquentes ou intenses sur la plupart des surfaces continentales

Le GIEC mentionne d’autres changements avec un degré de confiance moyen, alors que les changements ci-dessus sont considérés comme « probables » ou « pratiquement certains ».

Dans l’idéal, les climatologues seraient déjà en mesure de comprendre les effets du changement climatique sur tous les types de météo de la même manière. Mais ce n’est pas le cas. Pour plusieurs raisons, il est beaucoup plus difficile de comprendre comment le changement climatique affecte la fréquence et la gravité des phénomènes météorologiques pour certains types de météo que pour d’autres[1].

Comme l’explique le GIEC, « le niveau de complexité des processus impliqués diffère d’un type d’extrême météo à l’autre, cela affecte notre capacité à détecter, attribuer et prévoir les changements dans les extrêmes météorologiques et climatiques. »[8] Par exemple, nous disposons de peu de données de qualité pour les tornades, ce qui rend difficile pour les scientifiques de déterminer les variations dans les tendances à long terme. Mais l’incertitude concernant l’évolution de certains phénomènes météorologiques est très éloignée des affirmations trompeuses selon lesquelles « les scientifiques ne peuvent pas prédire l’influence du climat sur les changements météorologiques parce que les prévisions météorologiques à court terme sont incertaines ». Cette affirmation est trompeuse car elle laisse entendre que les mêmes incertitudes s’appliquent à toutes les échelles.

Il peut sembler intuitif que les variations court-terme soient plus faciles à prévoir que celles long-terme ; cependant, cela suppose que la météo et le climat soient mesurés à l’aide des mêmes paramètres. En d’autres termes, lorsque les scientifiques réalisent des prévisions climatiques, elles et ils ne prévoient pas la quantité de pluie dans une ville spécifique, comme le font les météorologues pour les prévisions météo quotidiennes.

Au contraire, les scientifiques surveillent généralement les tendances climatiques à des échelles plus larges. Par exemple, le GIEC énumère certaines des tendances climatiques observées et détectées à l’échelle continentale et mondiale. L’une des tendances observées est une probable « augmentation de la fréquence, de l’intensité et/ou de la quantité de fortes précipitations »[1] aux échelles mondiale et continentale.

Lorsque les climatologues évaluent ces variations de façon plus large – comme le montre la citation ci-dessus, le niveau de confiance est bien plus grand que pour la prédiction des variations exactes qui se produiront probablement dans une zone spécifique (par exemple, les précipitations dans une certaine ville). Leur compréhension du comment et du pourquoi de certaines variations s’appuie sur une solide connaissance des processus physiques sur Terre.

Cela peut s’expliquer par une autre analogie simplifiée, celle de l’allumage d’une cheminée pour réchauffer une pièce. Nous comprenons les processus physiques : le feu crée de la chaleur, la chaleur est piégée dans la pièce et la température de la pièce commence à augmenter. Il y a là une simple relation de « cause à effet » que nous comprenons d’un point de vue général. Cependant, déterminer « la vitesse » et « l’ampleur » de l’augmentation de la température introduit plus d’incertitudes et de variables à prendre en compte. Par exemple, une fenêtre est-elle ouverte ? Quelle est l’ampleur du feu ? Etc.

De même, il existe des processus physiques sur Terre dont les climatologues comprennent très bien les conséquences. Cependant, l’évaluation du changement climatique comporte également des incertitudes, bien que celles-ci soient beaucoup plus complexes. Pour évaluer le changement climatique, les scientifiques utilisent les archives paléoclimatiques (c’est-à-dire les reconstructions des climats passés à l’aide de sédiments lacustres et océaniques, des glaces, etc.), les mesures climatiques récentes (comme les données de température), des modèles climatiques avancés et d’autres méthodes – qui ont toutes leur propre niveau d’incertitude.

En raison de ces incertitudes, il est vrai que les modèles climatiques ne peuvent pas prédire toutes les conditions climatiques futures avec une précision de 100 %, en particulier pour chaque région. Toutefois, contrairement aux affirmations (comme celles analysées ici) selon lesquelles les “modélisations accumulent beaucoup d’incertitudes et de précisions […] rendant perplexe quant à la fiabilité des modèles”, les climatologues ont observé – et peuvent anticiper – de nombreux changements climatiques avec une très grande certitude.
Cette certitude repose sur la solide compréhension qu’ont les climatologues des processus physiques de la Terre, comme nous l’avons vu plus haut. Par exemple, la solide compréhension de l’influence de l’augmentation des niveaux de CO2 sur les températures mondiales. Il existe un lien physique clair entre le CO2 et l’augmentation de la température mondiale, ce qui permet de quantifier la part du réchauffement observé – comme le montrent sans équivoque les preuves scientifiques[1] – principalement dû au CO2 ajouté à l’atmosphère par les activités humaines. Ce phénomène bien connu de piégeage de la chaleur sur Terre par le CO2 atmosphérique – connu sous le nom d’effet de serre –, permet aux climatologues de bien comprendre comment l’évolution des conditions sur Terre (comme les niveaux de CO2) influencera certains aspects de notre climat futur (comme les températures globales).

CONCLUSION

Le climat et la météo, bien que liés, sont des concepts très différents. L’une des principales différences réside dans l’échelle de temps à laquelle ils sont définis : les conditions météorologiques sont surveillées pendant des jours ou des semaines, tandis que le climat s’étend généralement sur des décennies ou plus. En outre, la météo correspond aux conditions atmosphériques spécifiques à un endroit et à un moment donnés, tandis que le climat s’intéresse aux conditions météorologiques moyennes sur une période plus longue. Une définition plus globale du climat inclut des descriptions statistiques du système climatique, de ses différentes composantes – l’atmosphère, la cryosphère, l’hydrosphère, etc – et la façon dont elles interagissent entre elles. Les fluctuations à court terme (de quelques jours à quelques semaines) et les anomalies météorologiques (comme quelques jours exceptionnellement chauds ou froids) n’annulent pas les tendances du changement climatique observées par les scientifiques. Par exemple, les preuves scientifiques démontrent sans équivoque qu’un réchauffement climatique est en cours.

Les affirmations en ligne qui s’appuient sur des exemples anecdotiques pour prétendre que ces variations climatiques sont « normales » – en se référant à leur expérience de vie ou au cycle naturel du climat – sont inexactes. Les scientifiques ont constaté que les quatre dernières décennies ont été plus chaudes que toutes les décennies précédentes depuis 1850 d’après les observations. En outre, les données paléoclimatiques suggèrent que le rythme actuel du réchauffement climatique est sans précédent depuis au moins 2000 ans. Il est donc clair que les taux et les conditions actuelles du changement climatique sont sans précédent par rapport à ce que toute personne vivante a connu dans le passé. Mais surtout, comparer certains jours ou certaines semaines à des tendances long-terme du changement climatique est un raisonnement erroné ; non seulement les échelles de temps sont très différentes, mais il existe également des preuves scientifiques solides qui montrent sans équivoque que le changement climatique est en cours.

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