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Le dioxyde d’azote émis par les cuisinières à gaz a bien des effets délétères sur la santé, comme récemment rapporté par la presse

Posté le : 14 Nov 2024

À RETENIR

Des travaux – non publiés dans une revue scientifique – estiment à 40 000 le nombre de décès prématurés liés à l’exposition au dioxyde d’azote (NO2) émis par les cuisinières à gaz en Union européenne et au Royaume-Uni. Seule une autre étude similaire existe pour les États-Unis, elle obtient des chiffres du même ordre de grandeur. Il n’existe pas de mesure directe des décès associés à l’exposition au NO2 émis par les cuisinières à gaz, contrairement aux cas d’asthme pédiatrique où l’effet est avéré.

ÉLÉMENT ANALYSÉ

gazinière pollution intérieure
Correct

Les cuisinières à gaz sont responsables de 40 000 décès prématurés en Europe chaque année.

Source: Courrier international, Bloomberg, Olivia Rudgard, 28 Oct 2024

DÉTAIL DU VERDICT

Correct :

Des travaux – non publiés dans une revue scientifique – estiment à 40 000 le nombre de décès prématurés liés à l’exposition au NO2 émis par les cuisinières à gaz en Union européenne et au Royaume-Uni.

affirmation complète

“Une étude […] a révélé que près de 40 000 décès précoces chaque année dans l’UE et au Royaume-Uni peuvent être liés à l’exposition au NO2 provenant de la combustion de gaz pour la cuisine à l’intérieur des habitations […]. L’étude estime que les cuisinières sont également associées à des centaines de milliers de cas d’asthme pédiatrique […].”

Vérification

Fin octobre, plusieurs médias se sont alarmés du danger des cuisinières à gaz. “Les cuisinières à gaz à l’origine de 40 000 décès prématurés en Europe chaque annéetitrait ainsi Bloomberg. Le journal Courrier International intitulait son article : “Les gazinières seraient liées à 40 000 décès prématurés par an en Europe.” Ces articles ont relayé les résultats d’un rapport publié le 28 octobre 2024 par l’Université Jaume I. Il est le fruit d’un travail de recherche dirigé par Juana Maria Delgado-Saborit, une chercheuse à la tête du laboratoire de recherche sur la santé environnementale. L’objectif de ces travaux a été d’évaluer les impacts sanitaires et les coûts associés de la pollution de l’air, et en particulier au dioxyde d’azote (NO2), à l’intérieur des habitations utilisant des appareils de cuisson au gaz dans l’Union européenne et le Royaume-Uni. Ces travaux ne sont pas publiés dans une revue scientifique reposant sur une validation par les pairs. Les informations relayées dans la presse sont conformes aux résultats de l’étude – inédite en Europe – comme nous le montrons dans cet article.

LA CUISSON AU GAZ AUGMENTE LA CONCENTRATION EN NO2 DANS LES MAISONS

Les appareils de cuisson au gaz contribuent significativement à la pollution de l’air intérieur. Si la combustion du gaz (généralement du propane ou du butane) est complète, de la vapeur d’eau et du CO2 sont produits. Mais dans les cuisines, la combustion n’est pas toujours complète et d’autres composés sont formés. Les flammes à haute température produisent des oxydes d’azote (NOx), dont du NO2. La combustion incomplète du gaz relargue quant à elle du monoxyde de carbone (CO), du formaldéhyde (H2CO), des particules fines et ultrafines[1] et du benzène (C6H6)[2]

D’après l’estimation de l’Organisation mondiale de la santé, les effets combinés de la pollution de l’air ambiant et intérieur sont associés à 6,7 millions de décès prématurés par an, particulièrement en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique occidental. Ces contaminants de l’air intérieur peuvent en effet provoquer des effets sur la santé lorsque les habitants y sont exposés, notamment lorsque les concentrations dépassent les seuils sanitaires. “Il existe des liens très bien établis entre le NO2 et le système respiratoire”, abonde auprès de Science Feedback Bert Brunekreef, professeur émérite d’épidémiologie environnementale à l’Université d’Utrecht (Pays-Bas). Le NO2, un gaz polluant, irrite les voies respiratoires et aggrave les maladies respiratoires.

Plusieurs études scientifiques ont mesuré les concentrations en NO2 à l’intérieur des maisons. En 2022, une équipe de recherche a mesuré les émissions de NO2 aux États-Unis dans 32 maisons équipées d’appareils de cuisson à gaz. Environ 8 ng de NO2 par joules (l’unité quantifiant la chaleur) sont émis[3]. Ces niveaux sont élevés, comme le décrivent les scientifiques : “Les familles qui n’utilisent pas une hotte ou qui ont une mauvaise ventilation peuvent dépasser la norme nationale pour le NO2 (100 ppb – soit 100 molécules de NO2 par milliards de molécules d’air – sur une période d’une heure) en utilisant leur cuisinière seulement quelques minutes, et en particulier dans les petites cuisines.” Plus récemment en 2024, les mesures d’une autre équipe aboutissent au même facteur d’émission pour le NO2[4] : l’équipe enregistre des concentrations supérieures aux seuils sanitaires dans les cuisines et même certaines chambres (voir figure 1). Leurs résultats montrent que le seuil sanitaire défini par l’Organisation mondiale de la santé (100 ppb pour une période d’une heure) est dépassé durant 12 jours par an en moyenne sur l’ensemble de la population américaine. “Nous montrons que les émissions de NO2 sont directement proportionnelles aux quantités de gaz brûlées”, précise Rob Jackson, professeur en sciences de l’environnement au Woods Institute for the Environment. Une étude internationale à travers 15 pays d’Europe, Amérique du Nord et Asie observe elle aussi des niveaux élevés de NO2, particulièrement lors de l’usage de cuisinière à gaz à l’intérieur des maisons : l’exposition individuelle augmente alors de 67% par rapport à l’exposition en extérieur[5].

Figure 1 – Sur le graphique en haut, les scientifiques reportent les concentrations de NO2 dans les chambres les plus éloignées de la cuisine de six maisons lorsque le four à gaz est allumé (fond blanc du graphique, “oven on”) et éteint (fond gris du graphique, “oven off”). Le seuil sanitaire (ligne rouge) tel que défini par l’OMS et les autorités américaines est dépassé dans trois maisons. En bas, les concentrations en NO2 sont mesurées dans deux cuisines selon différents scénarios : à gauche, le four est allumé pendant 1h à 245°C avec (hood on) ou sans hotte (hood off); à droite le four est allumé avec les mêmes caractéristiques ainsi que trois feux au gaz, avec (hood on) ou sans hotte (hood off). Source : Kashtan et al. (2024)[4]

LE RAPPORT ESTIME QU’ENVIRON 40 000 DÉCÈS PRÉMATURÉS SONT LIÉS CHAQUE ANNÉE AU NO2 ÉMIS PAR LES APPAREILS DE CUISSON AU GAZ

Quelles sont les retombées sanitaires de tels niveaux de pollution au NO2 à l’échelle de l’Union européenne ? Celles-ci dépendent notamment de l’exposition des populations, et donc des usages des européens en matière de cuisson. D’après les données publiées par Eurostat, en 2022, l’électricité est l’énergie la plus utilisée en Union européenne pour la cuisine (50,7%), suivie par le gaz naturel (32,8%). Dans certains pays, la part des foyers utilisant le gaz en cuisine est plus élevée, comme en Italie, Roumanie et aux Pays-Bas, comme le montre la figure 2.

Figure 2 – Part des foyers utilisant le gaz pour la cuisson dans les pays européens. Source : Delgado-Saborit 2024.

Dans le rapport publié fin octobre, Juana Maria Delgado-Saborit et ses collègues se fondent sur les mesures d’autres études[6] pour estimer les concentrations en NO2 à l’intérieur des foyers européens en fonction de l’énergie utilisée pour la cuisson. Or comme le montre la figure 3, le seuil sanitaire défini par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) est dépassé dans plus de la moitié des pays pour les foyers utilisant la cuisson au gaz. Ce seuil n’est jamais dépassé pour les foyers utilisant la cuisson électrique. Les scientifiques notent également que les concentrations de NO2 dans les foyers utilisant la cuisson au gaz dépassent les niveaux en extérieur – qui s’expliquent principalement par les émissions de NO2 liées au trafic routier.

Figure 3 – Les concentrations moyennes – à l’échelle des pays – de NO2 sont plus élevées dans les foyers utilisant la cuisson au gaz que dans ceux utilisant la cuisson électrique ou en extérieur. Pour certains pays, les concentrations moyennes dépassent le seuil sanitaire (ligne rouge). Source : Delgado-Saborit (2024).

Bert Brunekreef commente :

Ce qui est relativement nouveau avec cette étude est l’estimation du nombre de décès prématurés liés à la pollution intérieure au NO2 des cuisinières à gaz en Europe.” 

Delgado-Saborit et ses collègues estiment ainsi, comme le rapporte la presse, que l’exposition au NO2 émis par la cuisson au gaz est responsable chaque année de 40 000 décès prématurés et 77 000 années de vies perdues en raison de la mortalité en Union Européenne et au Royaume-Uni. Les pays les plus touchés sont l’Italie, la Pologne, la Roumanie, la France et le Royaume-Uni.

Figure 4 – Nombre de décès prématurés chaque année en raison de l’exposition au NO2 émis par les cuisinières au gaz en Union Européenne et au Royaume-Uni. Source: Delgado-Saborit (2024).

LES CONSÉQUENCES SANITAIRES DE LA POLLUTION INTÉRIEURE SONT SOUS-ESTIMÉES

Pour aboutir à cette estimation, Delgado-Saborit et ses collègues utilisent une fonction mathématique appelée ‘fonction concentration-réponse’, qui établit une relation entre l’exposition au polluant et les effets sanitaires. La proportion des décès liés à la cuisson au gaz est calculée sur la base des ratios de risques existants dans la littérature scientifique. “La méthode utilisée pour calculer la part des décès attribuée au NO2 issu des cuisinières à gaz est simple et plutôt standard, commente Bert Brunekreef. Elle repose sur une quantification décente de la part de l’exposition au NO2 qui peut être attribuée aux cuisinières à gaz : cela a été mieux développé dans une étude similaire publiée cette année, qui aboutit à des conclusions proches[4].” 

En utilisant une méthodologie proche basée sur des mesures au sein de plus de 100 foyers américains, cette dernière étude de Kashtan et collaborateurs[4] publiée en mai 2024 estime que l’exposition à long-terme au NO2 émis par les cuisinières à gaz aux États-Unis pourrait être responsable de 19 000 décès chaque année, soit 0,67% des décès annuels aux États-Unis. À titre de comparaison, environ 38% des foyers américains utilisent le gaz en tant qu’énergie pour la cuisson, une proportion similaire à celle de l’Union européenne et du Royaume-Uni; et les États-Unis comptent 334 millions d’habitants, contre 517 millions pour l’Union européenne et le Royaume-Uni cumulés. Il n’existe pas d’autres travaux réalisant de telles estimations. “Il y a maintenant beaucoup d’études sur le lien entre l’exposition au NO2 en extérieur et la mortalité, mais elles ne peuvent pas être transposées aux effets sanitaires de la pollution de l’air intérieur car les mélanges sont différents entre les deux environnements, détaille Bert Brunekreef. Aucune étude n’a regardé le lien entre l’exposition long-terme au NO2 à l’intérieur et la mortalité : le rapport de Delgado-Saborit et l’étude de Kahstan (2024)[4] sont des modélisations.” 

En soulignant les limites de leurs études, Kashtan[4] et Delgado-Saborit reconnaissent que leurs estimations sous-estiment probablement l’impact réel de la pollution de l’air intérieur au NO2 lié aux cuisinières à gaz. Rob Jackson, co-auteur de l’étude de Kasthan (2024)[4], confirme à Science Feedback : “Le rapport de Delgado-Saborit sous-estime les conséquences pour la santé de l’usage des cuisinières au gaz car il ne tient pas compte des effets sanitaires du benzène, du monoxyde de carbone, du formaldéhyde et des particules ultrafines.” En 2023, Rob Jackson et son équipe ont en effet mesuré pour la première fois les niveaux de benzène dans 87 maisons aux États-Unis équipées de plaques et fours au gaz[2]. Ils détectent de façon répétée des concentrations dépassant les seuils sanitaires dans les cuisines mais aussi parfois les chambres.

En revanche, le lien entre le NO2 intérieur et les cas d’asthme pédiatrique est évalué de façon plus robuste. “Nous disposons d’un grand nombre de preuves directes grâce à des études[7-10] qui ont quantifié l’exposition au NO2 en intérieur et les maladies respiratoires dans des populations relativement importantes d’enfants dans les pays développés”, souligne Bert Brunekreef. Delgado-Saborit et ses collègues estiment que 41 000 cas d’asthme pédiatrique sont dûs à l’exposition au NO2 lié aux cuisinières à gaz en UE et au Royaume-Uni. Cela représente 0,57% des cas actuels d’asthme pédiatrique, contre une estimation qui s’élève à 0,91% des cas dans l’étude de 2024 aux États-Unis[4].

Bert Brunekreef conclut : “Ceci étant dit, il est également important de réaliser que, d’un point de vue global, la cuisson au gaz est considérée à juste titre comme une alternative propre à l’utilisation de combustibles solides ou liquides pour la cuisson et/ou le chauffage, en particulier en l’absence d’une ventilation adéquate[11].” La méta-analyse citée par Bert Brunekreef montre en effet que l’utilisation de gaz pour la cuisson ou le chauffage, en comparaison avec les carburants polluants comme le charbon ou le bois, réduit significativement les risques de pneumonie, respiration sifflante, toux, essoufflement, bronchopneumopathie chronique obstructive, bronchite, déficit de la fonction pulmonaire, maladie respiratoire grave ou décès, naissance prématurée ou encore faible poids de naissance. 

CONCLUSION

Dans un rapport non publié dans une revue scientifique, Juana Maria Delgado-Saborit et ses collègues évaluent à l’aide de modèles mathématiques les retombées sanitaires du NO2, un gaz polluant émis par les cuisinières à gaz, en Union européenne et au Royaume-Uni. À l’aide de méthodes statistiques standards, les scientifiques estiment que cette pollution est à l’origine de 40 000 décès prématurés chaque année, un chiffre probablement sous-estimé. Une estimation similaire aux États-Unis aboutit au même ordre de grandeur (19 000 décès). En UE et au Royaume-Uni, 41 000 cas d’asthme pédiatrique sont dûs à l’exposition au NO2 émis par les cuisinières à gaz chaque année.

Feedback des scientifiques

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Rob Jackson

Professor & Senior fellow, Stanford Doerr School of Sustainability, Woods Institute for the Environment and Precourt Institute for Energy

SF : Qu’y a-t-il de nouveau dans cette étude ? 

RJ : Cette nouvelle étude est importante pour déterminer les effets sur la santé de la pollution intérieure par les NOx provenant des cuisinières à gaz en Europe.

Autres études : 

  • Première étude visant à quantifier les émissions de benzène provenant des flammes des cuisinières à gaz, dont les concentrations atteignent parfois des niveaux dangereux dans les cuisines et les chambres à coucher.[2].
  • Les concentrations de gaz NOx dans les chambres à coucher sont supérieures aux normes sanitaires ; les émissions de NO2 sont linéairement liées à la quantité de gaz brûlée.[4].

SF : Pensez-vous que l’étude sépare bien les effets sur la santé du NO2 des autres gaz ou particules émis par les cuisinières à gaz ? 

RJ :  Notre récente recherche[2] a été la première à quantifier les émissions de benzène provenant des cuisinières à gaz et à propane. Les chiffres de l’étude de l’UE sous-estiment les conséquences pour la santé car ils ne tiennent pas compte des effets sur la santé du benzène, du monoxyde de carbone, du formaldéhyde et des particules ultrafines qui se forment dans les flammes des cuisinières à gaz.

SF : Le lien entre l’exposition au NO2 et certaines pathologies est-il bien établi ? 

RJ : Les liens sont bien établis dans les études de toxicologie animale. Les mécanismes d’exposition aux NOx sont bien connus (e.g., “Nitrogen Dioxide” American Lung Association; Basic Information about NO2 | US EPA; Air pollution is responsible for 6.7 million premature deaths every year). Pour des raisons évidentes, il n’est pas éthique de mener des études d’exposition sur des personnes.

Bert Brunekreef member picture

Bert Brunekreef

Professeur, Institute for Risk Assessment Sciences

SF : Qu’y a-t-il de nouveau dans cette étude ? 

BB : Ce qui est relativement nouveau, c’est le calcul des décès prématurés attribués à la pollution intérieure par le NO2 des cuisinières à gaz en Europe. Au début de cette année, un rapport similaire a été publié aux États-Unis[4], qui aboutit à peu près aux mêmes conclusions.

SF : Quelle est la solidité de la méthodologie utilisée ici ?

BB : La méthodologie utilisée pour calculer la fraction attribuable à la population des décès attribués au NO2 provenant des cuisinières à gaz à l’intérieur des habitations est simple et plutôt standard. Elle nécessite une quantification décente de la fraction de l’exposition intérieure au NO2 qui peut être attribuée aux cuisinières à gaz et cette partie est mieux développée dans l’étude américaine. Les résultats pour l’Europe sont donc moins sûrs, je pense.

SF : Pensez-vous que l’étude sépare bien les impacts sanitaires du NO2 des autres gaz ou particules émis par les cuisinières à gaz ?

BB : La réponse est non, mais il faudrait un effort considérable pour séparer de manière convaincante les effets de ces polluants fortement corrélés les uns aux autres.

SF : D’après la méta-analyse citée dans le rapport, le lien entre le NO2 et la mortalité ou certaines pathologies ne semble pas bien établi, en particulier chez les adultes.Cette étude tranche-t-elle la question ?

Les dernières lignes directrices sur la qualité de l’air de l’OMS (2021) acceptent une association entre l’exposition à long terme au NO2 à l’extérieur et la mortalité qui est indépendante des particules fines PM2,5. Cela ne signifie pas que les CRF du NO2 extérieur et de la mortalité peuvent être utilisés sans réserve pour évaluer les effets sanitaires du NO2 intérieur. Le NO2 extérieur et le NO2 intérieur représentent deux mélanges différents. Il existe aujourd’hui de nombreuses études sur le NO2 extérieur et la mortalité, mais il n’existe pratiquement aucune étude sur l’exposition à long terme au NO2 intérieur (et/ou aux cuisinières à gaz) et la mortalité. Sans cette preuve, les évaluations de l’impact du NO2 intérieur et/ou des cuisinières à gaz sur la mortalité doivent être interprétées avec une certaine réserve. La nouvelle étude ne résout pas cette question, car il s’agit d’un exercice de modélisation (tout comme l’étude américaine) qui n’apporte aucune nouvelle preuve empirique.

Il en va différemment pour l’association entre le NO2 à l’intérieur des bâtiments et les maladies respiratoires chez les enfants, pour laquelle il existe un grand nombre de preuves directes provenant d’études qui ont quantifié l’exposition au NO2 à l’intérieur des bâtiments et les maladies respiratoires dans des populations relativement importantes d’enfants dans les pays développés.

Ceci étant dit, il est également important de réaliser que, d’un point de vue global, la cuisson au gaz est considérée à juste titre comme une alternative propre à l’utilisation de combustibles solides ou liquides pour la cuisson et/ou le chauffage, en particulier en l’absence d’une ventilation adéquate comme le montre une étude récente à ce sujet[11]. Cela n’exonère pas la cuisson au gaz des effets plus subtils qu’elle peut encore avoir sur la santé en Europe et en Amérique du Nord. À terme, nous aimerions nous débarrasser de tous les appareils à combustion, car ils produisent du CO2 et, dans le cas des cuisinières à gaz, également du méthane provenant des fuites, qui est un puissant facteur de changement climatique.

SF : Le lien entre l’exposition au NO2 et certaines pathologies est-il bien établi ?

BB : L’effet du NO2 sur le système respiratoire est bien établi. Les mises en garde habituelles concernant les expériences de laboratoire s’appliquent (les animaux de laboratoire ne sont pas des humains, les nombres sont toujours trop faibles pour détecter des effets rares, et les concentrations sont généralement trop élevées pour être directement pertinentes pour juger des expositions humaines dans le monde réel.

RÉfÉrences :

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