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Les études montrent que les vaccins ne causent pas le syndrome de mort subite du nourrisson

Posté le : 2 Août 2024

À RETENIR:

Le syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN) correspond à la mort subite et inattendue d’un nourrisson de moins d’un an, sans cause connue. Les causes exactes du SMSN restent inconnues. Parmi les facteurs de risque, on retrouve la naissance prématurée, un faible poids à la naissance, ainsi que des pratiques de sommeil non sécuritaires qui augmentent le risque de suffocation chez le nourrisson. De nombreuses études publiées n’ont trouvé aucune association entre le SMSN et les vaccins administrés durant l’enfance.

ÉLÉMENT ANALYSÉ

Erroné

Les vaccins provoquent le syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN)

Source : Le Libre Penseur, Anonymes, 19 Août 2023

DÉTAIL DU VERDICT

Erroné:

Les études publiées n’ont relevé aucune différence dans l’incidence du SMSN entre les nourrissons vaccinés et non vaccinés. Certaines recherches ont même montré que les nourrissons vaccinés sont moins susceptibles de succomber au SMSN, ce qui démontre que l’hypothèse selon laquelle les vaccins pourraient provoquer le SMSN est incorrecte.

AFFIRMATION COMPLÈTE

Les vaccins provoquent le syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN); “Nous savons que tous les enfants sont vaccinés et qu’une des réactions insupportables avec cette substance c’est que les enfants sont soudainement morts dans leur lit”; “Les pays où l’on vaccine le plus les nourrissons ont les taux de mortalité infantile les plus élevés”

Vérification

Un post Instagram de juillet 2024 a affirmé que les vaccins pédiatriques provoquent le syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN), attirant plus de 7 000 mentions « J’aime ». Ce post a également prétendu que les vaccins contiennent des niveaux toxiques d’aluminium, suggérant que cela serait la cause du SMSN chez les enfants vaccinés. Science Feedback a déjà réfuté cette fausse affirmation dans des analyses précédentes, disponibles ici et ici.

Ce post a été publié par les comptes Instagram injecting.truth et the_tracy_lane, qui comptent respectivement plus de 31 000 et 158 000 abonnés. Le compte injecting.truth, également associé aux comptes Instagram faithful_free_momma et injecting.truth.apparel, génère des commissions via Amazon en promouvant des compléments alimentaires tels que l’argent colloïdal et des ouvrages véhiculant de la désinformation sur les vaccins.

Cette affirmation se retrouve également sur l’Internet francophone. Les posts ou articles concernés affirment souvent que la grande majorité des cas de SMSN se sont produits peu de temps après la vaccination, sous-entendant que les vaccins en étaient la cause. 

Les National Institutes of Health (NIH) des États-Unis définissent le SMSN comme « la mort subite d’un bébé de moins d’un an, sans cause connue, même après une enquête approfondie ». Ces enquêtes impliquent des professionnels de santé ainsi que les autorités et comprennent une autopsie, l’examen du lieu de décès, et l’analyse de l’historique clinique.

Santé Publique France définit quant à elle la mort inattendue du nourrisson comme “le décès d’un nourrisson, jusque-là considéré comme bien portant, alors que rien dans son histoire ne permettait de l’anticiper”, et ajoute que “le décès survient le plus souvent durant le sommeil. C’est la première circonstance de décès des nourrissons avant l’âge d’un an.”

Les facteurs de risque du SMSN incluent la surface et la position de sommeil, ainsi que certains facteurs prénataux et liés à la grossesse. Par exemple, les bébés prématurés ou ayant un faible poids de naissance sont plus à risque de SMSN. De plus, les bébés qui dorment sur le ventre ou sur des surfaces molles sont plus exposés. Cependant, la vaccination n’est pas un facteur de risque pour le SMSN.

Malgré cela, cette affirmation continue de circuler, probablement en raison du manque de compréhension entourant le SMSN, ce qui en fait une cible de choix pour la désinformation antivaccinale. Différentes versions de cette affirmation invoquent des corrélations entre les vaccins — en termes de nombre de doses ou de calendrier — et le SMSN pour insinuer une relation causale, comme cela a été fait dans le post Instagram. Parallèlement, les preuves qui contredisent cette affirmation sont systématiquement ignorées.
Nous avons déjà abordé les allégations selon lesquelles le vaccin DTCa provoquerait spécifiquement le SMSN dans des articles précédents. Cette analyse se concentrera sur l’affirmation plus générale selon laquelle la vaccination des jeunes enfants provoquerait le SMSN.

Les études n’ont trouvé aucune différence d’incidence du SMSN entre les nourrissons vaccinés et non vaccinés

Les théories du complot qui prétendent que les dangers des vaccins sont dissimulés ou cachés sont fréquemment promues par les opposants à la vaccination. Le post Instagram a également allégué que les informations sur les vaccins provoquant le SMSN étaient dissimulées, mais n’a fourni aucune preuve à l’appui de cette accusation.

Les études comparant les nourrissons non vaccinés aux nourrissons vaccinés n’ont trouvé aucune différence d’incidence du SMSN entre les deux groupes[1,2], comme l’a expliqué le centre d’éducation sur les vaccins du Children’s Hospital of Philadelphia, en Pennsylvanie. Certaines études ont même constaté que les nourrissons vaccinés étaient moins susceptibles de succomber au SMSN[3,4]. Ces résultats confirment que les vaccins administrés durant l’enfance ne causent pas le SMSN.

Contrairement au post Instagram, ces études ne se contentent pas de corrélations temporelles ; elles comparent également l’incidence du SMSN chez les nourrissons vaccinés et non vaccinés. Cela est crucial, car le SMSN survient également chez les nourrissons non vaccinés. Sans établir l’incidence de base, il est impossible de déterminer si le SMSN est plus ou moins fréquent chez les nourrissons vaccinés.
Un rapport de 2003 de l’Institute of Medicine des États-Unis (aujourd’hui l’Académie nationale de médecine des États-Unis) sur la sécurité du calendrier vaccinal infantile américain a conclu que « les preuves plaident en faveur du rejet d’une relation de causalité entre l’exposition à plusieurs vaccins et le SMSN »[5].

Un article avance des spéculations non fondées selon lesquelles les vaccins provoqueraient des problèmes respiratoires

Le post Instagram de injecting.truth cite un article de 2004 de Viera Scheibner comme preuve que les vaccins administrés pendant l’enfance provoqueraient des changements respiratoires potentiellement mortels chez les nourrissons. Scheibner est une géologue et une militante anti-vaccination.

Dans cet article, Scheibner présente des graphiques des schémas respiratoires de deux nourrissons, mesurés par une machine qu’elle a co-développée, appelée Cotwatch. Elle a affirmé que ces deux nourrissons présentaient un « schéma respiratoire induit par le stress » après la vaccination, qui ne se produisait pas avant. Elle a ensuite spéculé que cela provoquait des décès chez les nourrissons après la vaccination, bien qu’aucune preuve n’ait été fournie pour étayer cette hypothèse.

Plusieurs éléments justifient de considérer ces affirmations avec scepticisme. Premièrement, l’article se base sur les données de seulement deux nourrissons. Cette taille d’échantillon est bien trop réduite pour permettre de généraliser cette observation à d’autres nourrissons.

Deuxièmement, Scheibner n’a aucune qualification médicale, et il n’y a aucune preuve que la norme selon laquelle elle juge la respiration des nourrissons comme anormale ou résultant de « stress » était cliniquement validée.

Troisièmement, la manière dont elle aurait pu établir avec certitude que ce stress — si tant est qu’il y en ait eu — était uniquement dû à la vaccination n’est pas claire, alors que d’autres facteurs pourraient être en cause. L’article ne contient aucune information sur les deux nourrissons, si ce n’est qu’ils ont été vaccinés à un moment donné. Par conséquent, il est impossible de tenir compte des facteurs de confusion potentiels, comme certaines conditions médicales préexistantes qui pourraient affecter la respiration indépendamment de la vaccination.

En résumé, l’affirmation selon laquelle cet article prouve que les vaccins provoquent des changements respiratoires dangereux chez les nourrissons est inexacte, car l’article n’est pas équipé pour étayer une telle hypothèse.
En fait, une étude publiée en 1985 a examiné si la vaccination DTP était liée à des difficultés respiratoires et au SMSN en utilisant des pneumogrammes[6]. Les auteurs ont étudié 30 nourrissons témoins, 46 nourrissons présentant une apnée inexpliquée et 33 frères et sœurs de victimes du SMSN la nuit précédant et la nuit suivant une immunisation DTP. L’étude a conclu que « l’immunisation DTP n’augmente pas les anomalies du schéma ventilatoire […] chez les nourrissons à risque accru de SMSN ».

Une étude sur la mortalité infantile de Miller et Goldman présente des lacunes qui jettent un doute sur sa fiabilité

Un autre élément de preuve avancé par le post est une étude publiée en 2011 par le journaliste Neil Miller et l’informaticien Gary Goldman. Tout comme Scheibner, aucun des deux n’a de qualifications médicales ou de formation pertinente. Des revues précédentes de Science Feedback ont déjà discuté des études défectueuses co-rédigées par Miller, utilisées pour alimenter la désinformation sur la sécurité des vaccins.

Dans l’étude de 2011, Miller et Goldman ont corrélé les statistiques de taux de mortalité infantile (TMI) de 2009 obtenues auprès de la Central Intelligence Agency des États-Unis avec le nombre de doses de vaccins recommandées pour les nourrissons de moins d’un an dans 33 pays, ainsi qu’aux États-Unis. Ces 33 pays avaient tous un meilleur TMI que les États-Unis.

Ils ont constaté qu’il existait une corrélation entre un TMI plus élevé et un plus grand nombre de doses de vaccins recommandées. Cela les a conduits à suggérer que les vaccins pourraient être une cause potentielle du SMSN et que le TMI élevé aux États-Unis par rapport à ces 33 pays serait dû à ce qu’ils ont appelé une «sur-vaccination».

Cependant, l’étude présente plusieurs problèmes qui en remettent en cause la fiabilité.

David Gorski, chirurgien oncologue et rédacteur en chef de Science-Based Medicine, un site web dédié à la déconstruction des fausses informations en matière de santé, a souligné que la plupart des nourrissons qui décèdent avant l’âge d’un an n’ont pas reçu la majorité des vaccins du calendrier vaccinal infantile. En effet, l‘Organisation mondiale de la Santé indique que « la plupart des décès néonatals (75 %) surviennent durant la première semaine de vie ».

Ce même schéma apparaît également aux États-Unis et a été observé depuis au moins le milieu du siècle dernier, comme l’a montré un rapport de 2003 de l’Institute of Medicine des États-Unis (aujourd’hui l’Académie nationale de médecine des États-Unis). Ce rapport a révélé qu’en 1950, la majorité des décès infantiles survenaient avant 28 jours ; cette tendance était encore présente 20 et 40 ans plus tard.

Et cette tendance persiste encore aujourd’hui. Un rapport de novembre 2023 du National Vital Statistics System des États-Unis a révélé qu’environ 64 % des nourrissons décédés avant l’âge d’un an sont morts avant d’atteindre l’âge de 28 jours en 2021. Ce chiffre était d’environ 63 % pour 2022.

Cependant, l’hypothèse de Miller et Goldman repose sur l’idée que la majorité des nourrissons décédés avaient reçu la plupart ou la totalité des vaccins recommandés. Comme la plupart des décès infantiles surviennent avant l’âge de deux mois, moment où commence la majorité des vaccinations infantiles aux États-Unis, il est discutable que les décès infantiles soient principalement dus à une « sur-vaccination ».

Gorski a également remis en question pourquoi les auteurs ont choisi de ne comparer les États-Unis qu’avec les 33 pays ayant un meilleur TMI :

« Il n’y a aucune justification statistique pour cela, ni de justification scientifique. Encore une fois, si c’est une corrélation réelle, elle sera suffisamment robuste pour apparaître dans des comparaisons avec plus de nations que les seuls États-Unis et les pays ayant des taux de mortalité infantile plus favorables. En gros, le choix des données analysées laisse fortement soupçonner un choix sélectif des données. »

Il a également souligné que les TMI sont « très difficiles à comparer » entre les pays. Une des raisons est que la mortalité infantile est comptabilisée différemment selon les pays. Un article de Bernardine Healy, ancienne directrice des NIH, explique :

« Premièrement, il est hasardeux de comparer la mortalité infantile aux États-Unis avec celle d’autres pays. Les États-Unis comptabilisent toutes les naissances comme vivantes si elles montrent un signe de vie, quel que soit le degré de prématurité ou la taille. Cela inclut ce que de nombreux autres pays rapportent comme des mortinaissances. En Autriche et en Allemagne, le poids fœtal doit être d’au moins 500 grammes (1 livre) pour être considéré comme une naissance vivante ; dans d’autres parties de l’Europe, comme en Suisse, le fœtus doit mesurer au moins 30 centimètres (12 pouces) de long. En Belgique et en France, les naissances avant 26 semaines de grossesse sont enregistrées comme sans vie. Et certains pays n’enregistrent pas de manière fiable les bébés qui meurent dans les 24 premières heures suivant la naissance. Ainsi, les États-Unis sont sûrs de déclarer des taux de mortalité infantile plus élevés. Pour cette raison même, l’Organisation de coopération et de développement économiques, qui collecte les chiffres européens, met en garde contre les comparaisons directes entre pays. »

Enfin, il y a des erreurs dans le nombre de doses que Miller et Goldman ont calculées pour certains pays, ce qui pourrait affecter la corrélation qu’ils prétendent établir entre le TMI et la vaccination. Nous avons basé nos conclusions sur les calendriers vaccinaux disponibles en 2010, puisque l’étude utilisait les calendriers vaccinaux de la même année.

Par exemple, l’article affirmait que le calendrier vaccinal infantile de l’Allemagne pour les nourrissons de moins d’un an comprenait trois doses de vaccins DTCa, polio, Hib (Haemophilus influenzae type b) et pneumocoque. Cela donnait un total de 18 doses, puisque les auteurs considéraient le vaccin combiné DTCa comme trois doses en une, donc trois doses du vaccin DTCa représentaient neuf doses de vaccin.

Mais comme cela a été souligné dans ce post, le calendrier vaccinal recommandé de l’Allemagne pour les nourrissons de moins d’un an incluait également une dose de vaccin contre l’hépatite B et pouvait également inclure la quatrième dose de DTCa, Hib et vaccin antipneumococcique, puisque celles-ci sont recommandées entre 11 et 14 mois.

Ainsi, si l’on suivait la méthode de Miller et Goldman pour compter les doses de vaccin, le nombre de doses recommandées en Allemagne serait compris entre 19 (si l’on excluait la quatrième dose de DTCa, Hib et vaccins antipneumococciques) et 24 (si la quatrième dose était incluse), et non pas 18.

Un autre exemple est le nombre de vaccins calculé pour la République tchèque. Les auteurs considéraient que ce pays avait recommandé 19 doses : trois doses de DTCa, polio, Hib, et vaccin contre l’hépatite B, ainsi qu’une dose de vaccin BCG. Cependant, la République tchèque recommandait également, à l’époque, une quatrième dose de DTCa, Hib, polio et vaccins contre l’hépatite B, pour les nourrissons âgés de 11 mois et une semaine à 18 mois. Ainsi, les nourrissons de moins d’un an pouvaient potentiellement recevoir 25 doses selon ce calendrier, et non 19.

Une autre erreur concerne le nombre de doses recommandées pour la Suisse ; le nombre de vaccins antipneumococciques recommandés pour les nourrissons de moins d’un an était de deux, et non de trois, comme indiqué dans l’étude. La troisième dose était prévue pour 12 mois. Selon la méthode de comptage des doses utilisée par Miller et Goldman pour d’autres pays, celle-ci aurait dû être exclue des doses pour les nourrissons de moins d’un an.

Ces erreurs dans le calcul des doses pourraient modifier la corrélation qu’ils ont établie et, en retour, les conclusions qu’ils ont tirées.

En résumé, comme l’article de Scheibner, l’étude de Miller et Goldman présente des lacunes importantes qui jettent un doute sur la fiabilité de ses conclusions.

Conclusion

Le syndrome de mort subite du nourrisson (SMSN) est la mort soudaine et inattendue d’un nourrisson de moins d’un an sans cause connue. La cause exacte du SMSN reste inconnue. Parmi les facteurs de risque du SMSN figurent la prématurité et le faible poids de naissance. Les pratiques de sommeil non sécuritaires qui augmentent le risque de suffocation du nourrisson sont également des facteurs de risque du SMSN.

Cependant, les vaccins ne sont pas un facteur de risque du SMSN. Nous le savons car de nombreuses études publiées n’ont pas trouvé une incidence plus élevée du SMSN chez les nourrissons vaccinés par rapport aux nourrissons non vaccinés. Par conséquent, les affirmations selon lesquelles les vaccins provoqueraient le SMSN sont inexactes.

Références:

  1. Yang and Shaw. (2018) Sudden infant death syndrome, attention-deficit/hyperactivity disorder and vaccines: Longitudinal population analyses. Vaccine.
  2. Jonville-Béra et al. (2008) Sudden unexpected death in infants under 3 months of age and vaccination status – a case-control study. British Pharmaceutical Journal.
  3. Vennemann et al. (2007) Sudden infant death syndrome: No increased risk after immunisation. Vaccine.
  4. Fleming et al. (2001) The UK accelerated immunisation programme and sudden unexpected death in infancy: case-control study. BMJ.
  5. Institute of Medicine (US) Immunization Safety Review Committee; Stratton K, Almario DA, Wizemann TM, et al., editors. Immunization Safety Review: Vaccinations and Sudden Unexpected Death in Infancy. Washington (DC): National Academies Press (US); 2003. Immunization Safety Review: Vaccinations and Sudden Unexpected Death in Infancy. Available from: https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK221465/
  6. Keens et al. (1985) Ventilatory Pattern Following Diphtheria-Tetanus-Pertussis Immunization in Infants at Risk for Sudden Infant Death Syndrome. American Journal of Diseases of Children.

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