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Les études scientifiques montrent que le vaccin COVID-19 de Pfizer-BioNTech réduit la contamination: la déclaration de Rob Roos est trompeuse

Posté le : 18 Oct 2022

À retenir

Les vaccins COVID-19 restent très efficaces pour réduire les risques de forme grave de la maladie et les décès. Des études ont montré que les vaccins sont également efficaces pour réduire la transmission du virus bien que cette propriété ait diminué avec l’émergence de nouveaux variants. La plupart des vaccins antérieurs aux vaccins COVID-19 – comme les vaccins contre la coqueluche et le rotavirus – n’empêchent pas la contamination mais présentent des avantages considérables en termes de santé publique en réduisant notamment les infections et les maladies graves dans la collectivité. Les preuves scientifiques justifient la nécessité de se faire vacciner pour se protéger et protéger les autres.

élément analysé

Trompeur

"Durant son audience à propos du COVID, le directeur de #Pfizer concède : Le #vaccin n'a jamais été testé pour empêcher la contamination. 'Se faire vacciner pour les autres' a toujours été un mensonge."

Source : Twitter/X, Rob Roos, 18 Oct 2022

DéTails DU Verdict

Raisonnement invalide:

La plupart des vaccins n’empêchent pas la contamination mais ils améliorent sensiblement l’état de santé de la collectivité. Par conséquent, l’absence initiale de données sur la transmission du virus ne fait pas de la recommandation de se faire vacciner pour les autres « un mensonge. »

Trompeur:

Pfizer n’a pas prétendu initialement avoir testé la capacité de son vaccin COVID-19 à empêcher la contamination. De plus, cette information était clairement disponible dans les communiqués de presse publiés par l’agence européenne des médicaments (EMA) et l’agence fédérale américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA) ainsi que dans l’étude publiée contenant les résultats des essais cliniques de Pfizer.

AFFirmation complète

"Durant son audience à propos du COVID, le directeur de #Pfizer concède: Le #vaccin n'a jamais été testé pour empêcher la contamination. 'Se faire vacciner pour les autres' a toujours été un mensonge."

Vérification

En octobre 2022, de nombreux messages et articles affirmant que Pfizer a admis ne pas avoir vérifié si son vaccin contre le COVID-19 empêchait la transmission virale avant de le mettre sur le marché ont circulé sur les réseaux sociaux.

Cette déclaration provenait initialement de Rob Roos, membre néerlandais du parlement européen. Dans une vidéo qu’il a diffusée sur Twitter, Roos échange avec Janine Small, présidente des marchés internationaux développés chez Pfizer, lors d’une audience du 10 octobre 2022  devant le comité spécial sur la pandémie COVID-19. 

Lors de l’audition, Mr Roos a demandé à Mme Small : « Le vaccin COVID de Pfizer a-t-il été testé sur sa capacité à arrêter la contamination avant d’être mis sur le marché? »

Small a répondu : « Concernant cette question… Savions-nous si le vaccin permettait de stopper l’immunisation avant sa mise sur le marché? Non.” Compte tenu du contexte de cet échange, Mme Small a probablement voulu dire « contamination » plutôt qu’ »immunisation ».

Le tweet de Roos a été retweeté plus de 170 000 fois. Plusieurs sites web comme Crashdebug.fr, The Epoch Times et lesmoutonsenragés.fr ont également facilité sa diffusion. Par la suite, Roos a déclaré la même chose sur Fox News au cours d’une interview avec Tucker Carlson.

Ce n’est pas la première fois que Roos fait une déclaration trompeuse sur l’efficacité des vaccins COVID-19. En août 2022, il a tweeté une vidéo dans laquelle il affirmait que les gouvernements diffusaient de fausses informations, citant comme exemple « des adolescents [à qui l’on] a dit de se faire vacciner pour protéger leurs grands-parents alors que le vaccin ne protège pas du tout contre la propagation du virus ».

Bien que Roos ait présenté la réponse de Small comme un scoop et un aveu, ces informations n’ont rien de nouveau et ne contredisent pas les déclarations antérieures de Pfizer à propos de leur vaccin.

De fait, l’absence d’information permettant de savoir si le vaccin Pfizer-BioNTech COVID-19 empêchait la contamination est mentionnée dans l’étude contenant les résultats des essais cliniques publiée en décembre 2020 dans le New England Journal of Medicine [1].

Dans le résumé de l’étude, les auteurs ont indiqué que la seule question restante était la suivante :

“Le vaccin protège-t-il contre les infections asymptomatiques et la transmission du virus aux personnes vaccinées?”

Cela n’a rien de surprenant puisque l’essai clinique était conçu pour étudier l’efficacité du vaccin contre le COVID-19 symptomatique et non pas contre sa transmission. Selon la déclaration de Monica Gandhi, professeur de médecine à l’Université de Californie à San Francisco, à PolitiFact, “la prévention de la contamination (et du COVID-19 asymptomatique) n’était pas le critère de jugement principal de ces essais et n’a jamais été une revendication des sociétés pharmaceutiques dans le développement de ces vaccins. » 

Les communiqués de presse de l’EMA et de la FDA, au moment où le vaccin a reçu une autorisation conditionnelle de mise sur le marché (UE) ou une autorisation d’utilisation d’urgence (USA), indiquaient que les essais avaient révélé que le vaccin était efficace dans la prévention du COVID-19 et des formes sévères de la maladie.

L’EMA n’a fait aucune mention de la capacité du vaccin à empêcher la contamination. Le communiqué de presse de la FDA indique clairement que, lorsqu’elle a accordé l’autorisation d’utilisation en urgence, les preuves de la capacité du vaccin à prévenir la contamination n’étaient pas disponibles. Extrait du communiqué de presse de la FDA du 11 décembre 2020 :

“Le vaccin a été efficace à 95 % pour prévenir la maladie COVID-19 chez les participants de l’essai clinique, avec 8 cas de COVID-19 dans le groupe vacciné et 162 dans le groupe placebo […] À l’heure actuelle, on ne dispose pas de données permettant de déterminer la durée de la protection conférée par le vaccin et il n’existe pas non plus de preuve que le vaccin empêche la transmission du SRAS-CoV-2 d’un individu à l’autre.” [caractères en gras ajoutés]

Mais, même s’il y avait un manque initial de données sur la transmission du virus, cela ne signifie pas pour autant que la recommandation de se faire vacciner pour protéger les autres est “un mensonge » et cela rend la déclaration de Roos incorrecte. Comme nous l’expliquerons plus loin, la plupart des vaccins n’empêchent pas totalement la contamination mais offrent des avantages significatifs en termes de santé publique. En outre, des études ultérieures ont montré que les vaccins COVID-19 pouvaient réduire la propagation du virus.

Les vaccins n’ont pas besoin d’empêcher la contamination pour protéger les autreS

Si le vaccin idéal est celui qui prévient à la fois la maladie et la contamination, l’affirmation selon laquelle les vaccins qui n’empêchent pas la transmission du virus ne protègent pas les autres personnes est inexacte et trompeuse. En fait, il existe de nombreux vaccins antérieurs aux vaccins COVID-19 qui n’empêchent pas la contamination mais qui ont tout de même marqué la médecine.

Dans un article pour The Conversation, Sarah Caddy, chargée de recherche clinique à l’université de Cambridge, explique qu’ »En réalité, il est extrêmement difficile de produire des vaccins qui stoppent complètement l’infection virale. La plupart des vaccins utilisés en routine aujourd’hui n’y parviennent pas.”

Elle cite l’exemple du vaccin contre le rotavirus :

“Les vaccins contre le rotavirus, une cause fréquente de diarrhée chez les nourrissons, ne permettent de prévenir que les formes graves de la maladie. Mais leur valeur n’en reste pas moins inestimable dans la lutte contre le virus. Aux États-Unis, on a enregistré une baisse de près de 90 % des cas de visites à l’hôpital liées au rotavirus depuis l’introduction du vaccin en 2006. »

Un autre exemple est le vaccin contre la coqueluche, maladie potentiellement grave chez les nourrissons. Bien que le vaccin n’élimine pas complètement la bactérie (Bordetella pertussis) responsable de la maladie [2], son introduction en 1959 en France a entraîné une diminution des cas. Ceux-ci sont passés de 5000 cas par an avant la vaccination à 86 cas par an en 1985.

Natasha Crowcroft, experte en vaccins et conseillère technique principale sur la rougeole et la rubéole pour l’organisation mondiale de la santé (OMS), a déclaré à Scientific American que le vaccin contre la grippe le plus courant n’empêche pas non plus la transmission pour de multiples raisons, notamment le faible taux d’immunisation chez les adultes et la capacité du virus à muter rapidement. Néanmoins, les vaccins contre la grippe réduisent le risque de complications graves et de décès. Environ 2 000 décès seraient ainsi évités chez les personnes âgées chaque année grâce à la vaccination.

Par ailleurs, en réduisant le nombre de cas graves, les vaccins contre le COVID-19 ont un effet bénéfique indirect sur la santé publique puisqu’ils diminuent le nombre d’hospitalisations. Ils soulagent donc la charge que les COVID graves font peser sur les ressources hospitalières.

Les personnes non vaccinées sont plus susceptibles de développer une forme grave de COVID-19 et d’avoir besoin de soins hospitaliers. Une étude des centres américains de contrôle et de prévention des maladies, réalisée à partir de données obtenues au cours des trois derniers mois de l’année 2021, a révélé que l’incidence hebdomadaire des décès liés au COVID-19 chez les personnes non vaccinées allait de 1,5 à plus de 11 pour 100 000 personnes. En revanche, chez les personnes entièrement vaccinées, l’incidence hebdomadaire variait de 0,1 à 0,7 pour 100 000 personnes [3].

Une étude parue dans JAMA Internal Medicine a rapporté que les taux d’hospitalisation mensuels des personnes non vaccinées étaient de 2 à 17 fois plus élevés que ceux des personnes vaccinées, selon le variant dominant (Delta ou Omicron) [4].

Cela peut avoir des répercussions sur d’autres patients non-COVID qui ont également besoin de soins hospitaliers. Des personnes peuvent mourir et sont déjà mortes en raison du manque de ressources hospitalières lors d’une recrudescence des cas de COVID-19. Plus le nombre de personnes qui se font vacciner est élevé, moins une telle situation est susceptible de menacer la collectivité.

La transmission du virus n’a pas été étudiée lors des premiers essais cliniques mais elle a été testée lors d’études ultérieures

Comme nous l’avons expliqué plus haut, les essais cliniques de Pfizer avaient pour but de tester l’innocuité et l’efficacité du vaccin mais pas sa capacité à réduire la transmission virale et ce pour une bonne raison.

Dans un article publié dans Science Based Medicine, David Gorski, professeur de chirurgie et d’oncologie à la Wayne State University, explique que « les études visant à déterminer l’interruption de la transmission d’un agent pathogène sont différentes de celles visant à déterminer l’efficacité et l’innocuité d’un vaccin, ce qui explique pourquoi il est préférable de les réaliser dans le cadre de la surveillance post-accréditation et non durant l’essai contrôlé randomisé de phase 3 pour l’accréditation ».

Toutefois, la communication des responsables publics a contribué à la confusion autour de la capacité des vaccins COVID-19 à réduire la contamination. Par exemple, le président américain Joe Biden a affirmé que les personnes vaccinées ne transmettaient pas le virus. Il s’agit d’une exagération : les vaccins réduisent la probabilité qu’une personne soit infectée et devienne ainsi un vecteur de transmission mais ils ne bloquent pas 100 % des infections. Il est donc toujours possible pour les personnes vaccinées de transmettre le virus si elles sont infectées.

Les premiers essais cliniques n’ont pas évalué la capacité du vaccin à réduire la contamination mais des études ultérieures l’ont fait.

Une étude portant sur plus de 23 000 personnels de santé en Angleterre, publiée dans The Lancet en avril 2021, a révélé que deux doses du vaccin Pfizer-BioNTech COVID-19 réduisaient plus de trois fois l’incidence des nouvelles infections, avec 14 infections pour 10 000 jours-personnes chez les sujets non vaccinées contre 4 infections pour 10 000 jours-personnes chez les sujets vaccinées [5].

Une étude publiée dans le New England Journal of Medicine en février 2022, incluant plus de 140 000 personnes en Angleterre, a examiné le lien entre le statut vaccinal et la transmission par des personnes infectées [6]. Les scientifiques ont également étudié si les variants viraux Alpha et Delta influençaient ce lien.

Les chercheurs ont indiqué que, de manière générale, les personnes vaccinées étaient moins susceptibles de transmettre l’infection que les personnes non vaccinées, bien que cet effet se soit estompé en ce qui concerne le variant Delta. Le vaccin Pfizer-BioNTech s’est révélé plus efficace que le vaccin AstraZeneca pour réduire la transmission du variant Delta.

Une autre étude menée au Danemark, portant sur plus de 20 000 foyers, a révélé que la vaccination contre le COVID-19 contribuait à réduire la probabilité d’infection et de contamination, même avec le variant Omicron, hautement infectieux [7].

Conclusion

La déclaration selon laquelle Pfizer a admis n’avoir jamais testé la capacité de son vaccin à prévenir la transmission du virus est trompeuse car elle implique que Pfizer ait affirmé le contraire, ce qui n’est pas le cas. Les essais cliniques étaient conçus pour tester l’innocuité et l’efficacité des vaccins, non la transmission: cette information était clairement indiquée dans l’étude publiée et dans les communiqués de presse des autorités réglementaires.

Même s’il existait un manque de données initial sur la transmission virale, la recommandation de santé publique de se faire vacciner pour protéger les autres n’en devient pas « un mensonge » pour autant, contrairement à ce que prétend Roos. La plupart des vaccins, y compris les vaccins contre la coqueluche et le rotavirus, n’empêchent pas la transmission virale. Mais cela ne les a pas empêchés d’offrir des bénéfices significatifs en termes de santé publique. Par conséquent, déclarer que les vaccins qui ne préviennent pas la transmission virale ne présentent aucun avantage pour la collectivité est inexact et trompeur.

Des études ultérieures ont montré que le vaccin COVID-19 de Pfizer-BioNTech réduisait la transmission du virus bien que cette propriété ait diminué avec l’émergence de nouveaux variants. Le vaccin contribue également à réduire la charge de la maladie sur les ressources hospitalières puisque les personnes vaccinées sont moins susceptibles de développer une forme grave et d’être hospitalisées. Par conséquent, les preuves scientifiques plaident en faveur de la vaccination pour se protéger et protéger les autres.

RÉFÉRENCES

  1. Polack et al. (2020) Safety and Efficacy of the BNT162b2 mRNA Covid-19 Vaccine. New England Journal of Medicine.
  2. Solans and Locht. (2019) The Role of Mucosal Immunity in Pertussis. Frontiers in Immunology.
  3. Johnson et al. (2022) COVID-19 Incidence and Death Rates Among Unvaccinated and Fully Vaccinated Adults with and Without Booster Doses During Periods of Delta and Omicron Variant Emergence — 25 U.S. Jurisdictions, April 4–December 25, 2021. Mortality and Morbidity Weekly Report.
  4. Havers et al. (2022) COVID-19-Associated Hospitalizations Among Vaccinated and Unvaccinated Adults 18 Years or Older in 13 US States, January 2021 to April 2022. JAMA Internal Medicine.
  5. Hall et al. (2021) COVID-19 vaccine coverage in health-care workers in England and effectiveness of BNT162b2 mRNA vaccine against infection (SIREN): a prospective, multicentre, cohort study. The Lancet.
  6. Eyre et al. (2022) Effect of Covid-19 Vaccination on Transmission of Alpha and Delta Variants. New England Journal of Medicine.
  7. Lyngse et al. (2022) Household transmission of SARS-CoV-2 Omicron variant of concern subvariants BA.1 and BA.2 in Denmark. Nature Communications.

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