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Le VIH est la cause du sida ; le scepticisme persistant sur le VIH/sida reposent sur de fausses informations et sont potentiellement dangereux

Posté le : 18 Nov 2022

à retenir

Depuis le début de l’épidémie, on estime qu’environ 40.1 millions de personnes sont décédées de pathologies liées au sida. Les premiers cas de sida ont été rapportés dans les années 1980, suivis peu après par l’isolation du VIH de type 1. Il existe de nombreuses preuves scientifiques du fait que le VIH est la cause du sida. La controverse injustifiée à propos du VIH/sida est dangereuse lorsque de fausses informations sont prises comme références pour décider des mesures de santé publique. On estime que le rejet des traitements anti-VIH par l’Afrique du Sud a causé environ 330 000 décès. 

ÉLÉMENT ANALYSÉ

Erroné

« Le VIH ne cause pas le sida » ; « la pandémie de sida [est] alimentée par le vaccin contre l’hépatite B »

Source: Instagram, Judy Mikovits, 14 Nov 2022

DÉTAIL DU VERDICT

Incorrect:

Il est scientifiquement établi que le sida est causé par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH). Des chercheurs ont isolé le VIH-1 dans le sang des personnes atteintes du SIDA et ont montré que le virus isolé était capable d’infecter et de tuer les cellules du système immunitaire, causant un état d’immunodéficience.

AFFirmation complète

« Le VIH ne cause pas le sida » ; « la pandémie de sida [est] alimentée par le vaccin contre l’hépatite B »

Vérification

Le Syndrome d’Immunodéficience Acquise (sida) est une maladie chronique et potentiellement fatale causée par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) ; On estime qu’environ 40.1 millions de personnes sont décédées d’une pathologie liée au sida depuis le début de l’épidémie en 1981. 

Lorsque l’infection n’est pas contrôlée par un traitement antirétroviral (ART) – qui bloque la réplication du VIH – le virus attaque et détruit les cellules immunitaires. Un système immunitaire affaibli ne peut plus combattre les infections et devient donc vulnérable à des maladies qui sont normalement bien maîtrisées chez une personne en bonne santé. 

Les premiers cas de sida ont été décrits dans la littérature dès 1981, mais ne portaient pas encore ce nom. Il s’agissait alors d’une série de cas de pneumocystose chez cinq individus jusqu’alors en bonne santé. Ce type de pneumonie est causé par le champignon opportuniste Pneumocystis jirovecii. Bien que la présence de ce champignon soit assez répandue dans la population générale, il cause une maladie pulmonaire grave uniquement chez les personnes immunodéprimées[1]. À la même époque, huit cas de sarcome de Kaposi chez des hommes jeunes (âge médian de 34 ans) ont été décrits dans une autre étude. Avant cela, le sarcome de Kaposi était un type de cancer qui touchait majoritairement les septuagénaires en Amérique du Nord et en Europe[2]

En 1983 et 1984, le VIH-1 a été isolé chez des patients atteints du sida ou de symptômes précédant le sida. Le lien entre le VIH et le sida a donc été clairement établi. Pourtant, certains persistent à nier le VIH comme étant la cause du sida. Le 14 novembre 2022, l’ancienne scientifique controversée Judy Mikovits – dont les déclarations à propos du COVID-19 ont aussi été vérifiées par Health Feedback et d’autres– a affirmé sur Instagram que « le VIH ne cause pas le sida ». Dans le même post, elle annonce que « la pandémie de sida [est] alimentée par le vaccin contre l’hépatite B ». Comme nous allons l’expliquer ci-dessous, ces deux déclarations sont fausses. 

Première affirmation (Incorrecte)

« Le VIH ne cause pas le sida »

Après les premières descriptions de cas de sida en 1981, plusieurs causes potentielles de ce syndrome ont été proposées. La responsabilité de champignons, de produits chimiques ou encore de maladies auto-immunes a été avancée[3]. Au même moment, la description des caractéristiques du sida et de son épidémiologie – tels que des cas de personnes hémophiliques ayant reçu des facteurs de coagulation par transfusion sanguine où le sang est filtré afin de retirer les microorganismes plus gros qu’un virus – ont fortement suggéré qu’un virus pourrait être en cause[3]

En 1983, Françoise Barré-Sinoussi et ses collègues de l’Institut Pasteur de Paris ont isolé le VIH-1 à partir de ganglions lymphatiques d’un patient français présentant des symptômes précédant le stade sida, comme le gonflement des ganglions[4]. Barré-Sinoussi et ses collègues ont ensuite montré que le virus isolé était capable d’infecter des lymphocytes T issus d’individus sains. Le VIH s’attaque aux lymphocytes T CD4+ qui sont un type de globules blancs permettant de combattre les infections.

L’année suivante, Robert Gallo et ses collègues de l’Institut National américain contre le Cancer (NCI) de Bethesda ont isolé à leur tour le VIH-1 chez 48 patients atteints du sida ou de symptômes précédant le sida[5]. Surtout, Gallo et son équipe n’ont pas trouvé de VIH parmi 115 personnes non exposées à un risque de sida. 

En 2008, Françoise Barré-Sinoussi et Luc Montagnier, également de l’Institut Pasteur, ont reçu le prix Nobel de médecine pour leur découverte du VIH.

La découverte du VIH a rapidement fait naître des formes de déni, encore présentes trente ans après la découverte du VIH, selon lesquelles le VIH n’est pas la cause du sida. Le plus fervent défenseur de ce mythe est sûrement Peter Duesberg, un biologiste moléculaire de l’Université de Californie à Berkeley. En 1987, Duesberg a par exemple écrit que « la conclusion est que le virus du Sida n’est pas suffisant pour causer le sida et qu’il n’y a aucune évidence […] que ce virus soit requis pour développer le sida ». À la place, mais sans apporter aucune évidence, Duesberg considère que le sida est causé par des activités qui affaiblissent le système immunitaire, tels que des conduites sexuelles à risque ou la consommation de drogues ; Il affirme aussi que le sida est causé par des toxines présentes dans l’environnement ou par les médicaments antirétroviraux. 

La négation du VIH comme la cause du sida n’est pas seulement incorrecte. Elle peut être fatale. Lors d’une table ronde d’experts du sida en 1988 qui a réfuté les affirmations de Duesberg, Roger Detels, professeur en santé publique à l’Université de Californie de Los Angeles, a fait cette annonce – malheureusement prémonitoire – lors d’une interview pour le Washington Post : « si les gens croient en ce qu’il dit, le nombre de morts qu’il pourrait causer serait incroyable ». 

D’après une étude, on estime que ce type de déni à propos du VIH/sida aurait mené à environ 330 000 décès qui auraient pu être évités entre 2000 et 2005 en Afrique du Sud, en raison d’un manque d’accès aux traitements contre le VIH[6]. En 2000, le président d’Afrique du Sud en fonction, Thabo Mbeki, avait recruté Duesberg dans un comité de conseillers sur le sida, la plupart d’entre eux étant sceptiques quant à la responsabilité du VIH dans le sida. Les recommandations qui en ont découlées ont poussé Mbeki à rejeter les offres de traitements anti-VIH gratuits pour la population.

Seconde affirmation (Incorrecte)

« la pandémie de sida [est] alimentée par le vaccin contre l’hépatite B »

Le VIH est bien la cause du sida, certaines personnes faussement convaincues du contraire ont avancé d’autres explications, mais sans jamais pouvoir apporter les preuves de leur exactitude. Comme mentionné ci-dessus, Duesberg a par exemple affirmé que le sida serait causé par des conduites sexuelles à risque, la consommation de drogues, des toxines de l’environnement ou encore des substances antirétrovirales. 

Dans son post Instagram, Mikovits soutient l’idée fausse que « la pandémie de sida [est] alimentée par le vaccin contre l’hépatite B ». Cette théorie conspirationniste a d’abord été lancée par le dermatologiste Alan Cantwell en 1998 lorsqu’il a annoncé, sans aucune preuve, que la cause du sida était un vaccin expérimental contre le virus de l’hépatite B (HBV) créé par Wolf Szmuness et que les essais de ce vaccin avaient été réalisés chez des jeunes hommes gays de Manhattan à la fin des années 70 pour éviter tout problème légal.  

Il y a un certain nombre de détails inexacts dans les propos conspirationnistes de Cantwell. Premièrement, bien que Szmuness soit à l’origine des essais sur le terrain qui ont permis de démontrer l’efficacité du vaccin anti-HBV à base de sérum humain purifié, c’est en fait Maurice Hilleman et son équipe qui ont inventé ce vaccin. Deuxièmement, ces essais ont bien été menés chez 1083 jeunes hommes gays, non pas pour éviter des problèmes légaux, mais plutôt parce que cette population a un risque 10 fois supérieur d’être touchée par l’hépatite B comparée à la population générale[7]. De plus, les essais ont été menés à New York par le New York Blood Center, alors que l’épidémie de sida est mondiale ; En février 1987, un an avant que Cantwell fasse sa déclaration, il y avait déjà 41 919 cas de sida rapportés dans 91 pays[8]. En résumé, il n’y a aucune preuve que le déploiement des essais du vaccin contre HBV ait un quelconque lien avec le sida. 

Les personnes familières avec les tendances conspirationnistes de Mikovits dans le passé, ont sans doute entendu parler du documentaire « Plandemic », un film conspirationniste qui met en avant de nombreuses fausses affirmations de Mikovits à propos du COVID-19. 

Parmi ces fausses informations, celle selon laquelle le SARS-CoV-2, le virus responsable du COVID-19, a été créé dans un laboratoire. En appelant l’épidémie de sida (AIDS en anglais) « AIDS plandemic » et en faisant allusion à la théorie conspirationniste discréditée sur le rôle du vaccin anti-HBV, Mikovits semble suggérer que le sida pourrait également trouver son origine dans un laboratoire. C’est entièrement faux. Comme l’ont expliqué Health Feedback et d’autres, en traitant des mythes relatifs aux origines du VIH-1, les études scientifiques ont clairement établi que le VIH-1 vient d’un virus qui s’est transmis des primates aux humains dans les années 1920 (infection zoonotique).  

Conclusion

Les théories conspirationnistes soutenant que le VIH n’est pas la cause du sida persistent, malgré les multiples études scientifiques qui ont montré que le virus en est bien la cause. Comme nous l’avons démontré ci-dessus, cette affirmation est inexacte et dangereuse.

RÉFÉRENCES

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