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Un faux-positif à un test de dépistage VIH n’indique pas une immunodéficience, contrairement à ce qu’affirme Peter McCullough

Posté le : 5 Mar 2024

À RETENIR:

L’immunodéficience est définie comme un état dans lequel le système immunitaire d’une personne est incapable de lutter contre les infections et le cancer. Elle peut résulter de conditions génétiques, d’infections ou d’autres facteurs environnementaux. Une forme d’immunodéficience, appelée syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA), est causée par une infection par le VIH non traitée. Les tests de dépistage VIH sont très spécifiques. Rarement, des infections par d’autres agents pathogènes ou des conditions de santé particulières peuvent causer des résultats faussement positifs, mais cela n’indique pas une immunodéficience.

ÉLÉMENT ANALYSÉ

Raisonnement illogique

Les injections contre le COVID-19 déclenchent un pic du syndrome d'immunodéficience acquise vaccinale (SIDAV); ce syndrome entraîne à son tour des tests positifs pour le virus de l'immunodéficience humaine (VIH)

Source : Aube Digitale, Nouvel Ordre Mondial, Anonymes, 19 Jan 2024

DÉTAIL DU VERDICT

Preuves insuffisantes:

Il n’existe aucune preuve scientifique que les vaccins contre le COVID-19 provoquent des tests VIH faussement positifs.

Raisonnement illogique:

L’affirmation suggère qu’un test de dépistage VIH faussement positif est un signe d’immunodéficience. Cela est illogique car le test est conçu pour détecter des signes d’une infection par le VIH, et non une immunodéficience. Une immunodéficience peut se développer à partir d’une infection par le VIH non traitée mais est détectée par d’autres tests, et non un test de dépistage.

AFFIRMATION COMPLÈTE

Les injections contre le COVID-19 déclenchent un pic du syndrome d'immunodéficience acquise vaccinale (SIDAV); ce syndrome entraîne à son tour des tests positifs pour le virus de l'immunodéficience humaine (VIH)

Vérification

L’objectif des vaccins est de renforcer l’immunité d’un individu contre une maladie donnée. C’est grâce à cet effet que de nombreuses maladies infectieuses mortelles ont été éliminées ou sont en voie d’éradication. Pourtant, de fausses informations prétendant que les vaccins COVID-19 affaiblissent le système immunitaire ont circulé tout au long de la pandémie de COVID-19. En réponse, Science Feedback a démontré que les vaccins COVID-19 n’augmentent pas le risque de contracter des maladies ni ne provoquent d’immunodéficience.

Toutefois, le cardiologue Peter McCullough a persisté à propager ces fausses informations lors d’une interview pour le Shannon Joy Show en janvier 2024. En France, ces propos ont été repris par certains sites, qui ont écrit que “les injections déclenchent en fait un pic du syndrome d’immunodéficience acquise vaccinale (SIDAV) […] Ce syndrome entraîne à son tour des tests positifs pour le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), qui provoque le syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA)”.

Bien que McCullough ait admis qu’un tel résultat serait en fait un faux positif, car « le virus [du VIH] n’est pas présent » et que cela n’équivaudrait donc « pas au SIDA », il a soutenu qu’un test de dépistage VIH positif pourrait indiquer qu’une «forme d’immunodéficience existe peut-être ». McCullough a par ailleurs désigné cette condition supposée comme un «syndrome d’immunodéficience acquise vaccinale (Vaccine Acquired Immunodeficiency Syndrom, ou VAIDS en anglais ».
La déclaration de McCullough est en fait une simple répétition d’une fausse affirmation qui circule depuis au moins 2021, selon l’organisation de fact-checking Africa Check. Nous expliquons pourquoi ci-dessous.

Aucune preuve n’associe la vaccination contre le COVID-19 à des résultats de dépistage VIH faux-positifs

Nous n’avons trouvé aucune donnée scientifique à propos de tests de dépistage du Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) faussement positifs causés par la vaccination contre le COVID-19 pouvant étayer l’affirmation de McCullough. Une recherche dans PubMed#, une base de données de publications biomédicales hébergée par la Bibliothèque Nationale de Médecine des États-Unis, n’a donné aucun résultat.

Les tests modernes du VIH, également connus sous le nom de tests de quatrième génération, détectent les anticorps contre le VIH dans le sang ainsi qu’un antigène du VIH, la protéine p24. La combinaison des tests d’anticorps et d’antigènes permet de détecter l’infection dès quatorze jours après l’exposition au virus.

Des études ont identifié un risque accru de tests VIH faussement positifs chez les patients atteints de COVID-19 aigu[1-3]. Certains résultats suggèrent que des similitudes entre les antigènes du SARS-CoV-2 et ceux du VIH[2], ou une réactivité croisée entre les anticorps contre le SARS-CoV-2 et ceux contre le VIH, pourraient expliquer les tests VIH faussement positifs chez les patients COVID-19[3]. Cependant, aucune preuve n’est disponible jusqu’à présent.

Il existe un cas d’un candidat vaccin COVID-19 qui pourrait interférer avec les tests VIH. Cependant, son développement a été arrêté et il n’a jamais été distribué au public. Comme l’a expliqué Science Feedback, l’Université du Queensland, en Australie, a commencé le développement d’un vaccin COVID-19 qui inclut un petit fragment d’une protéine du VIH. Ce fragment n’est pas capable à lui seul de provoquer aucun des problèmes de santé associés au VIH. Cependant, les autorités ont décidé d’arrêter le développement après l’essai clinique de phase I par la préoccupation que ce fragment de protéine du VIH puisse induire la production d’anticorps qui causeraient alors des tests VIH faussement positifs.

En résumé, il n’existe aucun cas de tests VIH faussement positifs parmi les personnes du public vaccinées contre le COVID-19, contrairement à ce qui a été affirmé.

Un test VIH faussement positif seul ne peut pas indiquer une immunodéficience

L’immunodéficience est définie de manière générale comme un état dans lequel le système immunitaire d’une personne est incapable de lutter contre les infections et le cancer. Elle peut résulter de conditions génétiques, d’une infection ou d’autres facteurs environnementaux.

Un simple raisonnement logique nous montre que les tests VIH faussement positifs ne peuvent pas être pris comme un signe d’immunodéficience.

Premièrement, nous avons expliqué ci-dessus qu’un test VIH détecte la présence du virus VIH, et non une immunodéficience. Le VIH cible et détruit des globules blancs spécifiques appelés lymphocytes T CD4, affaiblissant ainsi le système immunitaire d’une personne, ce qui peut entraîner une immunodéficience en l’absence de traitement.

Pour diagnostiquer une personne atteinte du syndrome d’immunodéficience acquise (SIDA), les cliniciens doivent compter le nombre de ces cellules CD4. Un individu en bonne santé a entre 500 et 1 500 cellules CD4 par microlitre de sang (un microlitre est un millionième de litre). Lorsque le nombre de cellules CD4 d’une personne séropositive chute en dessous de 200 cellules par microlitre de sang, le patient est diagnostiqué avec le SIDA.

Ainsi, le résultat d’un test VIH nous indique seulement que le virus est présent, à condition qu’il s’agisse d’un résultat véritablement positif, mais il ne nous dira pas si les cellules T CD4 ont suffisamment diminué pour créer un état d’immunodéficience. Par conséquent, il n’est pas possible de tirer des conclusions sur la seule base d’un résultat de test VIH, contrairement à ce qu’a fait McCullough.

Deuxièmement, il ressort clairement de ce que nous avons expliqué ci-dessus que cette immunodéficience acquise est la conséquence de l’action du VIH dans le corps. Comme McCullough lui-même l’a reconnu, un test faussement positif signifie qu’il n’y a en fait aucun virus VIH dans la personne. En d’autres termes, l’agent infectieux responsable de la mort des lymphocytes T CD4 n’est pas présent. Par conséquent, il ne peut pas causer d’immunodéficience.

Les vaccins COVID-19 ne fragilisent pas le système immunitaire

Des experts en immunologie, maladies infectieuses et vaccins ont informé Reuters et l’Associated Press que le concept de “SIDAV” (“Vaccine-induced immunodeficiency syndrom” en anglais, ou “VAIDS”) utilisé par McCullough n’a aucune base scientifique. Il s’agit en fait d’un terme inventé pour établir un semblant de similitude entre une prétendue immunodéficience induite par le vaccin et la maladie bien connue qu’est le SIDA. Cependant, le “SIDAV” n’existe tout simplement pas.

Science Feedback a réfuté des allégations similaires à de multiples reprises. La plupart de ces affirmations se fondaient sur des erreurs de calcul du nombre de cas de COVID-19 parmi les individus vaccinés comparés à ceux non vaccinés ou sur une équivalence incorrecte entre l’efficacité du vaccin COVID-19 et l’état global du système immunitaire d’une personne. En réalité, rien n’indique que les vaccins COVID-19 affaiblissent l’immunité du receveur.

McCullough a également cité une étude réalisée par des chercheurs de la Cleveland Clinic comme preuve[4]. Or, c’est une mauvaise interprétation des résultats de l’étude, comme Science Feedback l’a expliqué en détail dans une analyse précédente. L’étude n’était pas conçue pour évaluer l’effet d’un nombre croissant de doses de vaccin sur le risque de contracter le COVID-19. Par conséquent, de nombreux biais possibles, tels une corrélation entre le nombre de doses reçues et le risque d’exposition au virus, n’ont pas été pris en compte.

Contredisant l’interprétation des résultats par McCullough, un des auteurs de l’étude a informé Science Feedback, « Toute affirmation selon laquelle notre étude montre une relation causale entre le fait de recevoir plus de doses du vaccin contre le COVID-19 et un risque d’infection plus élevé est fausse ».

NOTES

# Recherche Pubmed: (false-positive[Title] OR positive[Title])) AND COVID-19[Title] AND vaccin*[Title] AND (HIV[Title] OR AIDS[Title] OR immunodeficiency[Title])

REFERENCES

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