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Informations trompeuses sur le climat à la télévision et à la radio en France: analyse de l’ampleur du phénomène et des récits les plus fréquents

Posté le : 22 Oct 2025

Résumé

Pendant huit mois, Science Feedback et ses partenaires Data for Good et QuotaClimat ont surveillé la circulation des fausses informations sur le climat à la télévision et à la radio françaises. Les résultats sont frappants : 529 cas d’affirmations trompeuses ou fausses ont été détectés entre janvier et août 2025, le nombre d’incidents ayant triplé pendant les mois d’été.

Les pics de mésinformation ont coïncidé avec des événements politiques et géopolitiques majeurs, tels que l’investiture de Donald Trump, les débats parlementaires et sénatoriaux sur les zones à faibles émissions (ZFE) et les discussions sur la planification énergétique de la France (PPE3).

L’analyse révèle 19 narratifs récurrents, dont la plupart ciblent les solutions au changement climatique plutôt que la science climatique elle-même (voir ci-dessous pour la liste complète). Plus de 70 % des cas visaient la transition énergétique, en particulier les énergies renouvelables.

La télévision et radio publique s’est révélée beaucoup plus résiliente que les chaînes d’information privées diffusant 24 heures sur 24 ; elle s’est avérée six fois moins perméable aux discours trompeurs.

Cet ensemble de données sans précédent met en évidence un paradoxe : si les médias mainstream sont considérés comme les sources d’information les plus fiables, ils sont de plus en plus exposés à la désinformation climatique et l’amplifient parfois, souvent par l’intermédiaire d’invités, de commentateurs ou d’hommes politiques.

Le rapport constate que moins les médias couvrent les questions climatiques, plus ils deviennent vulnérables à la désinformation, et appelle à des mesures de protection plus strictes : protection de la radiodiffusion publique, normes éditoriales transparentes et systèmes de surveillance coordonnés capables de contrer les discours trompeurs en temps réel.

Ensemble, ces conclusions soulignent l’urgence de renforcer l’intégrité de l’information environnementale afin de soutenir le débat démocratique et une action climatique efficace.

Narratifs

Voici ci-dessous la liste des 19 narratifs de désinformation les plus fréquents identifiés dans notre étude. Pour chaque narratif, nous expliquons pourquoi certaines des affirmations qui le soutiennent sont trompeuses et les mettons en contraste avec le consensus scientifique sur le sujet.

Alors qu’une affirmation trompeuse est une déclaration isolée, fausse, inexacte ou sortie de son contexte, un narratif est le schéma global que ces affirmations créent, orientant à plusieurs reprises le public vers la même conclusion (par exemple que ‘les énergies renouvelables ne sont pas écologiques’).

NarratiF 01 (Trompeur) :

Les énergies renouvelables variables font exploser le prix de l’électricité

à retenir :

L’électricité d’origine solaire et éolienne est désormais moins coûteuse à produire que l’électricité provenant des centrales à combustibles fossiles ou nucléaires. Plus de solaire et d’éolien n’entraîne pas nécessairement une augmentation des factures d’électricité.

Résumé :

L’ajout de plus de solaire et d’éolien ne conduit pas nécessairement à des factures d’électricité plus élevées.

Prenons l’exemple des États-Unis. On pourrait s’attendre à ce que dans les États ayant plus de solaire et d’éolien, les ménages payent plus cher leur électricité, mais aucune corrélation de ce type n’est observée. En réalité, certaines des factures d’électricité les moins chères se trouvent dans les États ayant récemment installé un grand nombre d’éoliennes.

Les factures d’électricité sont structurées différemment selon les pays, et elles incluent généralement des taxes et des frais liés au réseau électrique, mais la plus grande dépense provient du coût de production de l’électricité elle-même. Les panneaux solaires et les éoliennes sont désormais généralement moins coûteux à construire et à exploiter que les centrales à combustibles fossiles ou nucléaires, mais la plupart des réseaux électriques reposent sur un mix de sources et la source la plus chère détermine le coût pour l’usager. Ainsi, dans une grande partie de l’Europe, les combustibles fossiles jouent un rôle démesuré dans la détermination de ce coût [1]. En particulier en 2022, les prix du gaz ont explosé suite à l’invasion russe de l’Ukraine : les conséquences se sont fait ressentir sur le marché de l’électricité.

De nombreux indicateurs montrent que l’augmentation de la part du solaire et de l’éolien dans le réseau électrique contribue à réduire les prix de l’électricité produite sur le marché européen. Par ailleurs, en raison des investissements nécessaires dans le réseau électrique, le déploiement des renouvelables pourrait entraîner une hausse des factures d’électricité en France d’environ 15 % à l’avenir. Ces investissements répondent à la nécessité de renouvellement des infrastructures vieillissantes, d’adaptation au changement climatique, de nouveaux raccordements pour l’industrie et la production décarbonée, et de renforcement de la structure du réseau – et pas seulement au déploiement des énergies renouvelables.

En savoir plus :

References:

  1. Zakeri et al. (2023) The role of natural gas in setting electricity prices in Europe.

Narratif 02 (infondé) :

Les énergies renouvelables sont inefficaces ou inutiles en raison de leur intermittence

à retenir :

De nombreux pays sont en mesure de produire une grande partie de leur électricité à partir d’énergies renouvelables intermittentes. L’intermittence peut en effet être une limitation, mais il existe de nombreuses solutions pour pallier l’intermittence de l’énergie solaire et éolienne, telles que le stockage d’énergie sur le réseau, qui ne dépendent pas des centrales à combustibles fossiles.

Résumé :

Si les énergies renouvelables intermittentes – panneaux solaires et éoliennes – étaient « inefficaces » ou « inutiles », nous ne pourrions pas les utiliser comme pilier d’un réseau électrique. Pourtant, c’est exactement ce que font de nombreux pays. En 2024, l’Allemagne a produit 43 % de son électricité à partir du solaire et de l’éolien uniquement, les Pays-Bas 46 % et le Danemark 69 %. Produire la moitié de l’électricité d’un pays à partir du solaire et de l’éolien serait beaucoup plus difficile si leur intermittence les rendait inutilisables.

Il existe des solutions qui permettent de fournir de l’électricité lorsqu’il n’y a ni soleil ni vent. Aujourd’hui, de nombreux pays comptent sur les centrales à combustibles fossiles ou nucléaires pour pallier l’intermittence des énergies renouvelables, mais ce ne sont pas les seules options. Par exemple, les réseaux peuvent combiner l’énergie solaire et éolienne avec des barrages hydroélectriques – l’hydroélectricité est en fait une forme d’énergie renouvelable non intermittente.

Les réseaux peuvent également combiner l’énergie solaire et éolienne avec des systèmes de stockage. Il s’agit notamment des barrages à accumulation par pompage, qui stockent l’énergie sous forme d’eau dans un réservoir qui peut être libérée pour produire de l’électricité ultérieurement, et des batteries de stockage du réseau. Il ne s’agit pas de systèmes hypothétiques. À la fin de 2024, le monde disposait d’une capacité de stockage par pompage de 189 gigawatts et d’une capacité de stockage par batterie de 110 gigawatts, soit plus que la capacité totale du réseau de nombreux petits pays.

En savoir plus :


Narratif 03 (manque de contexte) :

Le soutien de l’État aux énergies renouvelables est gigantesque (de l’ordre de dizaine voire centaine de milliards d’euros dans les prochaines décennies)

à retenir :

En 2020, à l’échelle mondiale, environ un tiers des investissements dans les énergies renouvelables provenaient des gouvernements. Le montant de l’aide apportée aux énergies renouvelables est inférieur à celui accordé aux combustibles fossiles, et la construction d’infrastructures pour les énergies renouvelables a un coût environnemental bien moindre que celle des combustibles fossiles. En France, la proposition PPE3 prévoit 3 milliards d’euros par an de soutien public à cet effet.

Résumé :

Seule une minorité du financement des énergies renouvelables provient des gouvernements. Par exemple, comme Science Feedback l’a couvert, le secteur de l’énergie en France pourrait avoir besoin de 17 milliards d’euros d’investissement par an d’ici 2030 ; seuls 3 milliards d’euros de cette somme pourraient être financés par le gouvernement d’après la proposition de PPE3 (qui, à la date de rédaction, n’a pas encore été votée ni approuvée).

Lorsque l’on parle de plusieurs centaines de milliards d’euros, cela ne reflète que les investissements à l’échelle mondiale, et non en France comme faussement affirmé parfois. Entre 2015 et 2022, l’investissement mondial dans les combustibles fossiles a varié de 800 milliards à 1,2 trillion de dollars par an. Sur la même période, l’investissement mondial dans les énergies renouvelables a oscillé entre 200 milliards et 500 milliards de dollars par an, dont environ un tiers de financement public.

En réalité, des estimations suggèrent que les gouvernements dépensent au moins 500 milliards de dollars par an pour subventionner les combustibles fossiles (la France a dépensé environ 10 à 15 milliards d’euros par an ces dernières années).

Dans ce contexte, le montant du soutien public aux énergies renouvelables peut ne pas sembler aussi important. Loin d’être soutenus par les États, les panneaux solaires et les éoliennes ont gagné en popularité précisément parce qu’ils sont désormais moins chers à fabriquer que les centrales à combustibles fossiles.

En savoir plus :


Narratif 04 (infondé) :

Les énergies renouvelables variables provoquent des blackouts et compromettent la sécurité d’approvisionnement électrique

à retenir :

Il n’existe aucune preuve que l’ajout d’énergie solaire et éolienne au réseau électrique provoque des blackouts. Nous devons certes adapter le réseau pour qu’il puisse gérer l’énergie solaire et éolienne, mais les ingénieurs électriciens sont bien conscients de ce problème.

Résumé :

Il n’existe aucune preuve cohérente indiquant que l’augmentation de l’énergie solaire et éolienne augmente le risque de blackout. Lorsque les panneaux solaires et les éoliennes sont correctement intégrés au réseau électrique, ils n’augmentent pas le risque de blackout [1]. Par exemple, en 2024, le réseau électrique californien a fonctionné entièrement à l’énergie solaire, éolienne et hydraulique pendant plus de 90 jours, sans subir aucun blackout [2].

Il est vrai que les panneaux solaires et les éoliennes ne sont pas comme les autres sources d’énergie. Au lieu d’une centrale électrique unique, l’énergie solaire et éolienne produit la même quantité d’électricité à partir de nombreuses sources décentralisées plus petites ; elles génèrent du courant continu, contrairement au courant alternatif qui est la norme pour le réseau. L’ajout de l’énergie solaire et éolienne au réseau nécessite des ajustements et des équipements spéciaux, tels que des onduleurs. Cependant, comme nous l’avons dit, les ingénieurs et les opérateurs de réseau en sont bien conscients, et ces ajustements sont une pratique courante.
Certains ont tendance à blâmer hâtivement les énergies renouvelables pour les pannes de courant, comme cela a été le cas en Espagne au début de l’année, mais il est trompeur d’attribuer une panne à une seule cause. Les réseaux électriques sont assez complexes, et un réseau bien conçu comporte de nombreux systèmes destinés à prévenir les pannes. Si une panne survient, cela signifie généralement que plusieurs éléments ont mal fonctionné.

En savoir plus :

Références :

  1. Zhao et al. (2024) Impacts of renewable energy resources on the weather vulnerability of power systems. Nature Energy.
  2. Jacobson et al. (2025) No blackouts or cost increases due to 100 % clean, renewable electricity powering California for parts of 98 days. Renewable Energy.

Narratif 05 (inexact) :

En France, la production nucléaire suffit à répondre aux besoins en énergie et grâce à elle le mix électrique et/ou énergétique est déjà décarboné

à retenir :

 L’énergie nucléaire est une source d’électricité à faible émission de carbone, mais ce n’est pas la seule – les énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien le sont également. Bien que la France dispose d’une électricité relativement propre grâce à ses centrales nucléaires, l’électricité n’est pas la seule forme d’énergie. Les combustibles fossiles représentent encore plus de 60 % de la consommation d’énergie de la France – carburants pour alimenter les voitures et chauffage domestique.

Résumé :

L’énergie nucléaire est une source à faible émission de carbone (bien qu’elle ne soit pas renouvelable, car elle repose sur une réserve limitée de combustible). Les centrales nucléaires émettent très peu de gaz à effet de serre en comparaison aux combustibles fossiles – les émissions liées au gaz sont 60 à 100 fois plus élevées, et le charbon de 120 à 210 fois plus, selon les données de la CEE-ONU. La France produit plus des deux tiers de son électricité à partir du nucléaire : cette source ne suffit donc pas à répondre à tous ses besoins en électricité.

De plus, l’électricité ne constitue qu’une part du mix énergétique total d’un pays. Lorsque l’on inclut d’autres formes d’énergie comme le pétrole pour les véhicules et le gaz pour le chauffage, environ 60 % de la consommation d’énergie en France provient encore de combustibles fossiles générant des gaz à effet de serre. La décarbonation signifie également réduire l’usage des combustibles fossiles, et donc les émissions, dans ces secteurs. En France, en 2023, 269 millions de tonnes de CO2e (une unité mesurant le potentiel de réchauffement global de tous les gaz à effet de serre) ont été émises par la combustion de combustibles fossiles, selon l’Agence Internationale de l’Énergie. Cela représente près des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre enregistrées en France.

La stratégie du gouvernement pour 2050 vise à réduire la consommation finale d’énergie tout en augmentant la part de l’électricité dans l’énergie consommée. Par conséquent, tous les scénarios prospectifs incluent un déploiement significatif des énergies renouvelables. Certains prévoient une sortie complète du nucléaire, tandis que d’autres proposent de construire de nouvelles centrales nucléaires.

Les scénarios du GIEC montrent souvent que la part de l’électricité dans la consommation totale d’énergie augmente avec le temps. Ainsi, même si l’offre actuelle à faible émission de carbone répond à la demande actuelle, une quantité bien plus importante d’électricité propre sera nécessaire à l’avenir pour remplacer les combustibles fossiles ailleurs dans l’économie. Des énergies renouvelables supplémentaires (ou d’autres sources à faible émission de carbone comme le nucléaire) restent l’une des options les plus favorables au climat pour répondre aux besoins croissants, même si la demande actuelle est satisfaite.

En savoir plus :

Références :

  1. IPCC (2022) Chapter 6: Energy systems. In: Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change.

Narratif 06 (infondé) :

Le bilan environnemental des éoliennes est négatif, c’est un désastre pour la biodiversité (oiseaux) et la santé humaine (maladies)

à retenir :

Les données disponibles ne permettent pas de qualifier l’impact environnemental des éoliennes de « désastreux » en tant que source d’énergie. En réalité, leur impact sur l’environnement et la santé humaine est très faible par rapport à celui des centrales à combustibles fossiles.

Résumé :

L’empreinte matérielle des éoliennes est relativement faible. Environ 90 % de la masse d’une éolienne peut être recyclée aujourd’hui[1]. Même si le reste ne peut pas être recyclé, la masse totale des éoliennes qui devrait être mise au rebut d’ici 2050 est inférieure à la quantité de cendres produites actuellement par les centrales à charbon dans le monde en une seule année[2,3].

Si les éoliennes ont un impact sur la faune environnante, les données ne suggèrent pas qu’elles soient plus nocives pour la faune que d’autres activités humaines. Les éoliennes en mer ne sont pas plus bruyantes que les navires qui passent ou les vents violents[4], sauf pendant la phase d’installation. Dans les airs, les données américaines suggèrent que le nombre d’oiseaux tués par les éoliennes ne représente qu’une infime fraction du nombre d’oiseaux tués par les voitures, les chats sauvages, les fenêtres des bâtiments ou les centrales à combustibles fossiles[5].

De plus, rien ne prouve que les ondes sonores des éoliennes soient nocives pour les humains, et les recherches suggèrent que leur champ électromagnétique est comparable à celui des appareils électroménagers[6], ce qui est largement conforme aux normes de sécurité. Dans le même temps, la pollution atmosphérique causée par les centrales à combustibles fossiles est responsable de centaines de milliers de décès chaque année[7].

Seule la comparaison de l’empreinte écologique des éoliennes à celle d’autres sources d’énergie est pertinente : les données montrent qu’elle est bien moindre que celle des combustibles fossiles.

En savoir plus :

Références :

  1. Spini and Bettini (2024). End-of-Life wind turbine blades: Review on recycling strategies. Composites Part B: Engineering. 
  2. Liu and Barlow (2017). Wind turbine blade waste in 2050. Waste Management.
  3. Mirletz et al (2023). Unfounded concerns about photovoltaic module toxicity and waste are slowing decarbonization. Nature Physics.
  4. Tougaard et al. (2020) How loud is the underwater noise from operating offshore wind turbines? The Journal of the Acoustic Society of America.
  5. Loss et al. (2015) Direct Mortality of Birds from Anthropogenic Causes. Annual Review of Ecology, Evolution, and Systematics.
  6. Knopper et al. (2014) Wind Turbines and Human Health. Frontiers in Public Health.
  7. Markandya and Wilkinson (2007) Electricity generation and health. The Lancet.

Narratif 07 (manque de contexte) :

La France est l’un des pays qui émet le moins de gaz à effet de serre au monde

à retenir :

Tant au niveau global que par habitant, la France émet nettement moins de gaz à effet de serre que les grands émetteurs tels que les États-Unis ou la Chine. Mais la France n’est certainement pas le pays qui émet le moins au monde. Globalement, la France se classe environ 20e au niveau mondial en termes d’émissions de gaz à effet de serre, avec environ 180 pays qui émettent moins qu’elle. Les émissions par habitant relativement faibles de la France sont en grande partie dues à l’utilisation importante de l’énergie nucléaire.

Résumé :

S’il est vrai que la France émet nettement moins de gaz à effet de serre que les plus gros émetteurs comme les États-Unis ou la Chine, elle ne figure pas pour autant parmi les pays les moins polluants au monde. La France se classe environ 20e au niveau mondial (selon les années) en termes d’émissions annuelles de gaz à effet de serre ; environ 180 pays émettent moins que la France. 

Les émissions relativement faibles de la France par rapport aux principaux pays émetteurs s’expliquent par le fait qu’une plus grande partie de l’énergie française provient du nucléaire plutôt que des combustibles fossiles (qui émettent beaucoup plus de gaz à effet de serre). En 2024, 41.8% de l’approviosonnement énergétique total de la France provenait du nucléaire ; la même année, cette part n’était que de 9,8 % aux États-Unis et de 3 % en Chine. Les États-Unis et la Chine dépendent principalement des combustibles fossiles pour leur énergie. 

Mais les émissions de la France sont loin d’être nulles (369 millions de tonnes de CO2e), avec environ 41,8 % de son énergie provenant des combustibles fossiles. Chaque tonne de gaz à effet de serre ajoutée à notre atmosphère contribue au réchauffement climatique, quel que soit le pays qui l’émet ou son « classement en matière d’émissions ». De plus, tous les pays émettant moins de 2 % des émissions mondiales (y compris la France) représentent 37,6 % du total, ce qui est loin d’être négligeable. 

En savoir plus :


Narratif 08 (erroné) :

Réduire les émissions de gaz à effet de serre de la France n’a aucun impact sur le climat surtout si les autres pays ne le font pas

à retenir :

Réduire les émissions de n’importe quel pays diminue l’apport de gaz à effet de serre dans l’atmosphère – l’atmosphère ne réagit pas différemment aux réductions d’émissions d’un pays ou d’un autre. Tous les pays émettant moins de 2 % des émissions mondiales (dont la France) représentent ensemble 37,6 % des émissions totales ; ainsi, même les petits émetteurs, comme la France, peuvent contribuer à réduire les émissions totales.

Résumé :

Se concentrer uniquement sur les pays responsables d’une plus grande part des émissions de gaz à effet de serre est trompeur, car cela implique que seuls les plus grands émetteurs peuvent avoir un impact. En réalité, c’est l’accumulation des gaz à effet de serre dans notre atmosphère qui est déterminante pour le réchauffement climatique[1,2].

Bien que la réduction des émissions nécessite effectivement un effort mondial, la France peut avoir un impact en réduisant sa contribution aux émissions mondiales. En 2023, la France représentait 0,73 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Et si l’on prend en compte les émissions provenant des biens importés, son empreinte carbone représente 1,6 % des émissions de gaz à effet de serre causées par les activités humaines. Bien que cela soit significativement moins que les grands émetteurs comme les États-Unis ou la Chine[3], les réductions provenant de nombreux petits émetteurs peuvent s’additionner. Ensemble, tous les pays émettant moins de 2 % des émissions mondiales représentent 37,6 % du total.

La réduction des émissions françaises n’implique pas que le pays soit « seul responsable » de la lutte contre le changement climatique. Il s’agit plutôt de montrer que le pays contribue – ce qui est nécessaire – à un effort global. Les grands et petits émetteurs jouent tous un rôle dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

En savoir plus :

Références :

  1. IPCC (2023) Climate Change 2023: Synthesis Report.
  2. Solomon et al. (2009) Irreversible climate change due to carbon dioxide emissions. Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)
  3. Friedlingstein et al. (2024) Global Carbon Budget 2024. Earth System Science Data.

Narratif 09 (inexact) :

Les ZFE ne produisent aucun effet écologique notable et ne réduisent pas les émissions de gaz à effet de serre

à retenir :

Les zones à faibles émissions (ZFE) ont réduit les niveaux de pollution atmosphérique dans leurs villes en décourageant ou en interdisant l’accès de certains véhicules à certaines zones. Cette diminution de la pollution atmosphérique a entraîné une amélioration observable de la santé, comme une réduction des cas de maladies respiratoires. La mise en place des ZFE ne vise pas spécifiquement à réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Résumé :

Lorsque les villes découragent ou interdisent l’accès de certains véhicules à certaines zones, elles cherchent généralement à réduire la pollution atmosphérique causée par les voitures qui impacte directement la santé des personnes qui vivent et travaillent dans ces zones. Ces zones à faibles émissions ZFE sont-elles efficaces ?

La réponse est oui, selon des études indépendantes menées sur les ZFE. Des études réalisées dans des villes comme Lisbonne[1], Londres[2] et Madrid[3] ont montré qu’une ZFE réduisait les niveaux d’oxyde nitreux et de particules fines (PM) dans ces villes, deux polluants atmosphériques courants. Le résultat ? Des améliorations clairement observées en matière de santé [4], telles que la réduction des cas de maladies respiratoires à Londres[2] et une meilleure santé cardiovasculaire dans les villes allemandes dotées de ZFE. Les ZFE n’éliminent pas totalement la pollution atmosphérique, mais elles conduisent à des améliorations notables au niveau local.

Les ZFE sont des politiques locales visant à réduire la pollution locale, et non à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les personnes qui affirment que les ZFE ne réduisent pas les émissions de gaz à effet de serre utilisent un langage trompeur. Cependant, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) note que les ZFE encouragent les automobilistes à conduire des voitures plus propres, comme les véhicules électriques, ce qui peut in fine réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre.

En savoir plus :

Références :

  1. Santos et al. (2019) Impact of the implementation of Lisbon low emission zone on air quality. Journal of Hazardous Materials.
  2. Broster and Terzano (2025) A systematic review of the pollution and health impacts of low emission zones. Case Studies in Transport Policy.
  3. Gómez-Losada and Pires (2024) Air quality assessment during the low emission zone implementation in Madrid (Spain). Urban Climate.
  4. Chamberlain et al. (2023) Health effects of low emission and congestion charging zones: a systematic review. The Lancet: Public Health.
  5. IPCC (2022). Chapter 8: Urban Systems and Other Settlements. In: Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change.

Narratif 10 (trompeur) :

Les voitures thermiques ne sont pas un problème pour l’environnement, en particulier si elles sont alimentées à l’éthanol, au diesel, ou si elles sont récentes

à retenir :

Bien que les émissions des voitures thermiques ont diminué au fil du temps, tant en termes d’émissions de CO2 que d’autres polluants atmosphériques, elles restent généralement plus élevées que celles des voitures électriques. Les voitures diesel n’ont pas connu les mêmes baisses, et les nouvelles voitures diesel ont désormais des émissions plus élevées que les voitures à essence comparables. L’éthanol est moins polluant que l’essence ou le diesel, mais de nombreux scientifiques s’inquiètent de l’usage des terres agricoles pour la production d’éthanol (à partir de cultures maraîchères), ce qui rend ce carburant problématique pour l’environnement.

Résumé :

Les émissions des véhicules à essence ont diminué au fil du temps, en partie grâce à des normes plus strictes. En 2025, en moyenne, le pot d’échappement d’une voiture à essence aux États-Unis émet 24 % moins de CO2 sur la route qu’en 2000, 85 % moins de monoxyde de carbone (CO) et 94 % moins d’oxyde nitrique et de dioxyde d’azote (NOx). 

Il y a plusieurs décennies, de nombreuses voitures diesel avaient des émissions plus faibles que leurs équivalents à essence, mais elles n’ont pas connu les mêmes réductions d’émissions. Certaines voitures diesel neuves ont des émissions de CO et de NOx plus élevées et des émissions de CO2 plus importantes que les voitures à essence neuves.

Il est prouvé que le mélange d’éthanol et d’essence réduit les émissions de CO et de NOx[1]. L’éthanol émet moins de CO2 que l’essence ou le diesel, bien que les chiffres exacts dépendent des plantes utilisées pour le produire. Mais la durabilité de l’éthanol soulève de sérieuses questions : l’éthanol est fabriqué à partir de cultures qui nécessitent beaucoup de terres. Certaines données indiquent que cela entraîne des émissions liées au changement d’affectation des terres, ce qui annulent les émissions évitées par rapport à l’essence[2].

Les voitures électriques n’émettent absolument pas de CO ou de NOx à l’échappement lorsqu’elles roulent. Même en tenant compte des émissions de CO2 accumulées tout au long du cycle de vie lors de la fabrication des voitures ou de la production d’électricité, une voiture électrique émet moins de gaz à effet de serre qu’une voiture thermique dans la plupart des cas[3,4]. L’électricité et les voitures électriques nécessitent beaucoup moins de terres que l’éthanol.

En savoir plus :

Références :

  1. Rosdi et al. (2025) Evaluation of engine performance and emissions using blends of gasoline, ethanol, and fusel oil. Case Studies in Chemical and Environmental Engineering.
  2. Lark et al. (2021) Environmental outcomes of the US Renewable Fuel Standard. PNAS.
  3. Knobloch et al. (2020) Net emission reductions from electric cars and heat pumps in 59 world regions over time. Nature Sustainability.
  4. Sacchi et al. (2022) When, where and how can the electrification of passenger cars reduce greenhouse gas emissions? Renewable and Sustainable Energy Reviews.

Narratif 11 (trompeur) :

Le climat a toujours fluctué de façon naturelle, c’est aussi le cas aujourd’hui et il n’y a aucune raison de s’en inquiéter

à retenir :

Les données disponibles montrent que les changements climatiques récents sont dus aux activités humaines – et non à des facteurs naturels. Ils entraînent une augmentation de certains phénomènes météorologiques extrêmes, en particulier les vagues de chaleur, qui peuvent avoir des conséquences négatives pour les populations. Les climats (et leurs fluctuations) passés lointains ne présentent pas nécessairement des conditions idéales pour l’humanité (les périodes glaciaires étaient par exemple des « fluctuations naturelles »).

Résumé :

Les preuves scientifiques montrent clairement que les changements climatiques récents sont dus aux émissions de gaz à effet de serre – principalement le dioxyde de carbone (CO2) – provenant des activités humaines[1]. Ces gaz à effet de serre emprisonnent la chaleur sur Terre et réchauffent la planète. 

Le climat terrestre fluctue naturellement en raison de l’activité volcanique, solaire et des variations de l’orbite terrestre. Mais les scientifiques démontrent que les fluctuations naturelles ne peuvent pas expliquer les changements actuels. 

Ils ont notamment découvert cela en modélisant la façon dont différents facteurs pouvaient reproduire les températures observées dans un passé récent. Dans leurs simulations, les scientifiques ont constaté que les variables naturelles (solaires et volcaniques) ne pouvaient à elles seules reproduire les tendances observées en matière de température mondiale sur la période 1850-2020[1]. Seule la prise en compte des facteurs humains, tels que les émissions de CO2, dans les modèles permet de reproduire les températures historiques. Ces observations excluent l’idée que les fluctuations soient dues uniquement à des facteurs naturels et confirment l’influence humaine. 
Quant à l’affirmation selon laquelle il n’y a « pas lieu de s’inquiéter » de ces changements, les experts du climat ne sont pas d’accord. Les fluctuations naturelles et les conditions climatiques passées lointaines ne sont pas nécessairement idéales pour la vie humaine (par exemple, lors des périodes glaciaires rigoureuses). Le changement climatique a plusieurs impacts qui affectent la vie humaine : baisse des rendements agricoles, augmentation de la mortalité humaine due aux températures élevées, événements météorologiques extrêmes plus fréquents et plus graves[1], etc. Les scientifiques s’attendent à ce que cette situation s’aggrave à l’avenir.

En savoir plus :

Références :

  1. IPCC (2023) Climate Change 2023: Synthesis Report.

Narratif 12 (inexact) :

Les politiques climatiques sont adoptées sans aucune étude préalable, sans connaître l’impact qu’elles pourraient avoir

à retenir :

Les études préliminaires sont courantes dans le cadre de nombreuses politiques climatiques. Elles aident les planificateurs à comprendre les impacts, les avantages et les inconvénients d’une politique avant sa mise en œuvre. Des groupes de réflexion indépendants et des chercheurs universitaires sont également très actifs dans la simulation de domaines tels que les énergies renouvelables.

Résumé :

Il est courant d’étudier les impacts d’une politique climatique avant de la mettre en œuvre. Par exemple, Londres n’a développé sa zone à très faibles émissions qu’après une évaluation détaillée des potentielles retombées sur de nombreux facteurs, allant de la qualité de l’air à l’économie. D’autres villes comme Paris, Madrid et Barcelone ont mené des évaluations similaires lorsqu’elles ont lancé ou étendu leurs zones à faibles émissions.

Ces évaluations sont souvent soutenues par le gouvernement qui les propose. Par exemple, lorsque le Pacte vert pour l’Europe a été proposé pour la première fois en 2019, des chercheurs associés à la Commission européenne ont étudié comment les objectifs du Pacte vert pouvaient être atteints. Mais de nombreux chercheurs indépendants ont aussi analysé le Pacte vert et sa faisabilité avant que ses dispositions ne soient intégrées à la politique officielle.

De même, les chercheurs étudient souvent des politiques qui ne verront le jour que dans plusieurs années. Par exemple, de nombreux ingénieurs ont modélisé (exemple) le fonctionnement de réseaux électriques entièrement basés sur des énergies renouvelables. Ce faisant, ils peuvent informer les futurs décideurs.

Les études prédictives ne sont pas parfaites, et toutes les politiques ne font pas l’objet d’études équivalentes, mais nous disposons d’autres moyens pour comprendre l’impact d’une politique[1]. À mesure que de nouvelles politiques climatiques sont mises en œuvre dans le monde réel, notre connaissance de celles-ci s’améliore à mesure que nous comprenons quelles politiques ont été plus efficaces que d’autres[2].

En savoir plus :

Références :

  1. Callaghan et al. (2025) Machine learning map of climate policy literature reveals disparities between scientific attention, policy density, and emissions. NPJ Climate Action.
  2. Stechemesser et al. (2024) Climate policies that achieved major emission reductions: Global evidence from two decades. Science.

Narratif 13 (inexact) :

Les voitures électriques polluent plus que les voitures thermiques ou hybrides

à retenir :

Tout au long de sa durée de vie, une voiture thermique émet presque systématiquement plus de gaz à effet de serre qu’une voiture électrique comparable. Bien que les batteries des voitures électriques contiennent des métaux sensibles sur le plan écologique, comme le lithium et le nickel, les experts estiment que leur impact reste inférieur à celui du pétrole nécessaire pour alimenter une voiture à combustion.

Résumé :

Lorsque l’on considère le cycle de vie d’une voiture, depuis l’extraction des matières premières jusqu’à sa mise au rebut, on constate que les voitures thermiques émettent presque toujours plus de gaz à effet de serre que leurs équivalents électriques. Bien que la fabrication d’une voiture électrique puisse générer plus d’émissions que celle d’une voiture thermique, la voiture électrique compense largement cette différence sur la route, car elle ne fonctionne pas au pétrole. 

De nombreuses études ont montré que les voitures électriques sont moins polluantes que leurs homologues thermiques dans la plupart des pays du monde ; une autre étude a montré que les véhicules électriques présentent également un avantage similaire par rapport aux hybrides [1-3]. Cela est particulièrement vrai en France car la production d’électricité y est largement décarbonée.

Qu’en est-il des autres formes de pollution ? En raison de sa batterie, une voiture électrique contient plus de métaux sensibles comme le lithium, le nickel et les terres rares que son équivalent thermique. Cependant, une voiture électrique typique n’utilisera que quelques kilogrammes de chacun de ces métaux, une seule fois, lors de sa fabrication. 

En revanche, presque toutes les voitures thermiques dépendent du pétrole tout au long de leur durée de vie. Chaque étape du cycle de vie du pétrole, du puits jusqu’au moteur de la voiture, nuit à l’environnement et à la santé humaine. Il est difficile de comparer directement l’empreinte écologique des métaux utilisés dans les batteries et celle du pétrole, mais les experts estiment généralement que les coûts environnementaux des véhicules électriques ne l’emportent pas sur les avantages liés à l’abandon du pétrole.

En savoir plus :

Références :

  1. Knobloch et al. (2020) Net emission reductions from electric cars and heat pumps in 59 world regions over time. Nature Sustainability.
  2. Hung et al. (2021) Regionalized climate footprints of battery electric vehicles in Europe. Journal of Cleaner Production.
  3. Sacchi et al. (2022) When, where and how can the electrification of passenger cars reduce greenhouse gas emissions? Renewable and Sustainable Energy Reviews.

Narratif 14 (infondé) :

Les données scientifiques sur l’ampleur du changement climatique sont falsifiées et exagérées par des scientifiques, des ONG et des institutions, dans le but de manipuler l’opinion publique et de servir leurs propres intérêts.

à retenir :

Il n’existe aucune preuve de « falsification massive des données » ou de « fraude » dans le domaine de la science du climat. Les affirmations contraires reposent sur des théories du complot et non sur des preuves. Les principaux rapports sur le climat, comme le dernier rapport d’évaluation du GIEC, sont rigoureusement vérifiés par des centaines de scientifiques à travers le monde qui attribuent des niveaux de confiance à leurs conclusions de façon transparente.

Résumé :

Les allégations de « fraude massive » dans le domaine de la science du climat reposent sur des théories du complot, et non sur des preuves. Les scientifiques du monde entier mènent des recherches indépendantes sur le climat de la Terre. Lorsque leurs principales conclusions concordent dans les études, cela renforce leurs conclusions – mais ne prouve pas que les scientifiques « conspirent ». 

Les principales organisations climatiques, telles que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), expliquent leurs processus de manière transparente. Le sixième rapport d’évaluation du GIEC de 2021, par exemple, est un résumé des conclusions tirées par les scientifiques après avoir évalué des milliers d’articles scientifiques. Ces rapports d’évaluation sont rigoureusement examinés par des centaines d’experts à travers le monde. Le GIEC fait preuve de transparence quant aux niveaux de confiance associés aux différentes conclusions et ses auteurs sont les premiers à expliquer leurs incertitudes.

Les procédures ci-dessus montrent pourquoi ces rapports ne se contentent pas de « suivre un récit » ; l’urgence et l’ampleur du changement climatique décrites dans ces rapports découlent de l’examen par des experts d’un large ensemble de preuves scientifiques. 

À plus petite échelle, les articles scientifiques sont également examinés par des pairs experts dans le cadre d’un processus appelé « examen par les pairs ». Malgré les milliers d’articles examinés par des pairs et les nombreux rapports climatiques importants publiés au fil des ans, les théoriciens du complot n’ont toujours pas présenté de preuves crédibles d’une « fraude massive ». 

En savoir plus :


Narratif 15 (erroné) :

L’origine anthropique du réchauffement climatique est incertaine ou insignifiante

à retenir :

Dans les rapports sur le climat, les scientifiques attribuent des niveaux de confiance à différentes conclusions en fonction de la force et de la certitude des preuves. Le rapport climatique le plus complet au monde décrit la contribution humaine au réchauffement climatique récent comme incontestable, un terme réservé aux cas où les preuves ne laissent pratiquement aucun doute. Plus précisément, les preuves montrent que les humains sont responsables de la quasi-totalité du réchauffement depuis 1950.

Résumé :

Il est bien établi que les gaz à effet de serre provoquent le réchauffement de la Terre en piégeant la chaleur sur notre planète[1-3]. Les activités humaines, telles que la combustion de combustibles fossiles, émettent des gaz à effet de serre en grandes quantités, ce qui entraîne leur accumulation dans notre atmosphère au fil du temps. 

Le principal rapport mondial sur le climat décrit la contribution humaine au réchauffement climatique récent (depuis environ 1850) comme incontestable, un terme que les scientifiques réservent aux cas où les preuves ne laissent pratiquement aucun doute. Dans ce cas, les preuves montrent que les humains ont réchauffé l’atmosphère, les terres et les océans de la Terre pendant près de deux siècles[3]. Et plus récemment (depuis 1950), les humains ont non seulement contribué à ce réchauffement, mais ils l’ont également provoqué[3]. 

De nombreuses données permettent de tirer ces conclusions. L’une des preuves les plus solides sont les résultats des modèles climatiques lorsque les facteurs humains sont exclus et seuls les facteurs naturels considérés (tels que l’activité volcanique et solaire). Dans ce cas, les modèles montrent que la Terre se serait refroidie au cours des dernières décennies. Mais lorsque les facteurs humains (tels que les émissions de gaz à effet de serre) sont cette fois pris en compte, les modèles reproduisent étroitement les tendances de température récentes.

Pour plus d’informations, consultez le rapport 2023 du GIEC sur le changement climatique ici (section 2.1).

En savoir plus :

Références :

  1. Pierrehumbert (2011) Infrared radiation and planetary temperature. Physics Today.
  2. Zhong and Haigh (2013) The greenhouse effect and carbon dioxide. Royal Meteorological Society Weather.
  3. IPCC (2023) Climate Change 2023: Synthesis Report.

Narratif 16 (manque de contexte) :

La climatisation n’a pas d’impact négatif face au changement climatique, c’est une bonne solution d’adaptation

à retenir :

La climatisation peut réduire efficacement le nombre de décès liés à la chaleur extrême, mais elle augmente également considérablement la consommation d’énergie (contribuant au changement climatique si l’énergie utilisée n’est pas décarbonée) et entraîne un réchauffement local à l’extérieur du bâtiment.

Résumé :

La climatisation peut certainement aider les êtres humains à rester en meilleure santé et à se sentir plus à l’aise lorsqu’il fait chaud. Il a été estimé que la climatisation a permis d’éviter environ 200 000 décès prématurés rien qu’en 2019 [1] ; elle améliore les résultats scolaires des élèves [2] et augmente la productivité des employés de bureau [3].

Cependant, la climatisation n’est pas une solution sans conséquences négatives. D’une part, elle est très gourmande en énergie : elle consomme à elle seule environ 7 % de l’électricité mondiale, et comme de plus en plus de personnes vivant dans des climats chauds installent leur premier climatiseur, le refroidissement est l’utilisation d’énergie qui connaît la croissance la plus rapide dans les bâtiments. D’autre part, lorsque les climatiseurs refroidissent l’intérieur des bâtiments, ils réchauffent l’air extérieur et contribuent à l’effet d’îlot de chaleur urbain. À Singapour, par exemple, où le climat est tropical, les climatiseurs réchauffent à eux seuls l’air jusqu’à 1,4 °C [4]. Cela peut entraîner un effet de rétroaction, car les climatiseurs doivent utiliser encore plus d’énergie pour maintenir une température stable.

De plus, de nombreux climatiseurs actuels contiennent des gaz à effet de serre puissants appelés hydrofluorocarbures (HFC). Si les HFC s’échappent dans l’atmosphère, ils peuvent provoquer un réchauffement 150 à 5 000 fois supérieur à celui provoqué par la même quantité de CO2 (selon le HFC). Cela dit, la plupart des pays se sont engagés à éliminer progressivement les HFC, de sorte que les futurs climatiseurs ne devraient plus poser ce problème.

En savoir plus :

Références :

  1. Romanello et al. (2021) The 2021 report of the Lancet Countdown on health and climate change: code red for a healthy future. The Lancet.
  2. Park et al. (2020) Heat and Learning. American Economic Journal: Economic Policy.
  3. Phelan et al. (2024) The value of air conditioning. Frontiers in Energy Efficiency.
  4. Singh et al. (2022) Numerical analysis of the impact of anthropogenic emissions on the urban environment of Singapore. Science of the Total Environment.

Dans d’autres villes, dans certaines conditions, l’augmentation peut atteindre jusqu’à 2,5 °C


Narratif 17 (infondé) :

Les solutions de décarbonation de l’économie cachent des intérêts financiers, et non un réel intérêt climatique

à retenir :

Nous savons que les émissions de gaz à effet de serre provenant des combustibles fossiles modifient le climat, mais nous savons également que la réduction des émissions provenant de nos sources d’énergie peut réduire les impacts futurs du changement climatique. De plus, les énergies renouvelables sont désormais moins coûteuses à produire que les autres sources d’électricité.

Résumé :

Les climatologues s’accordent à dire que la combustion des énergies fossiles produit des gaz à effet de serre qui réchauffent le climat terrestre, provoquant une élévation du niveau des mers, des conditions météorologiques plus extrêmes et des dommages aux écosystèmes partout dans le monde[1]. Cet accord n’est pas le fruit d’une conspiration, mais le résultat de décennies de preuves scientifiques qui ont démontré cela de manière convaincante et incontestable[1].

Les preuves concordent également sur le fait que, l’énergie étant la principale source d’émissions de CO2, la réduction des émissions liées à l’énergie contribuera à réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre[2]. Nous savons qu’une transition énergétique peut y parvenir. Par exemple, il est clairement prouvé que la production d’électricité renouvelable réduit les émissions de gaz à effet de serre d’un pays[3,4]. Ainsi, soutenir la décarbonisation peut permettre de réduire nos dommages à l’environnement et les dommages futurs causés par l’environnement aux êtres humains.

Il existe également d’autres avantages : si vous souhaitez produire plus d’électricité, il est désormais généralement moins coûteux de construire de nouvelles installations renouvelables que d’autres sources d’énergie.

Cette affirmation omet également de mentionner les puissantes forces qui luttent contre la décarbonisation dans le monde entier : les intérêts des combustibles fossiles, qui financent des campagnes anti-énergies renouvelables et font pression sur les gouvernements du monde entier pour lutter contre les politiques visant à réduire la dépendance mondiale aux combustibles fossiles. 

En savoir plus :

Références :

  1. IPCC (2023) Climate Change 2023: Synthesis Report.
  2. IPCC (2022) Chapter 6: Energy systems. In: Climate Change 2022: Mitigation of Climate Change.
  3. Szetela et al. (2022) Renewable Energy and CO2 Emissions in Top Natural Resource Rents Depending Countries: The Role of Governance. Frontiers in Energy Research.
  4. Mirziyoyeva & Salahodjaev (2022). Renewable energy and CO2 emissions intensity in the top carbon intense countries. Renewable Energy.

Narratif 18 (trompeur) :

On nous fait croire qu’il existe un consensus sur le réchauffement climatique, ce qui est faux puisque certains scientifiques sont en désaccord, et on nous interdit d’en débattre

à retenir :

Un consensus émerge lorsque la grande majorité des scientifiques parviennent à des conclusions identiques ou similaires en analysant les données scientifiques. Pratiquement tous (97-99 %) les climatologues s’accordent à dire que le climat de la Terre est en train de changer, se réchauffant depuis plusieurs décennies en raison des émissions anthropiques de gaz à effet de serre. Seule une minorité extrêmement réduite de scientifiques « désapprouve », mais ces derniers n’ont pas présenté de contre-preuve scientifique crédible.

Résumé :

Plusieurs études indépendantes ont montré qu’environ 97-99 % des climatologues s’accordent à dire qu’un changement climatique est en cours et que, ces dernières décennies, il a été principalement causé par les émissions de gaz à effet de serre dues aux activités humaines[1,2]. Il s’agit d’une conclusion clé dans tous les rapports d’évaluation du GIEC, du premier en 1990 au plus récent, rédigé et examiné par des centaines d’experts qui ont synthétisé les résultats de milliers d’articles scientifiques.

Même avec cet accord large et des décennies de preuves, le consensus ne signifie pas que la science du climat n’évolue plus. La science du climat – comme toute science – continue d’être testée selon la méthode scientifique. Les scientifiques continuent d’étudier le climat pour comprendre plus finement comment il change. Mais lorsque les preuves scientifiques continuent de s’accumuler au fil des décennies, toutes pointant vers la même conclusion, les scientifiques deviennent de plus en plus confiants dans cette conclusion. C’est ainsi que le consensus se forme, par des preuves solides, et non par un simple accord entre personnes.

Contrairement à ce que certains affirment, les scientifiques ne sont pas interdits de débattre sur le changement climatique. Ils sont libres de le faire. Malgré cela, aucune preuve crédible ou scientifique n’a été présentée pour renverser le consensus écrasant selon lequel les humains modifient le climat de la Terre.

En savoir plus :

Références :

  1. Lynas et al. (2021) Greater than 99% consensus on human caused climate change in the peer-reviewed scientific literature. Environmental Research Letters. 
  2. Cook et al. (2013) Quantifying the consensus on anthropogenic global warming in the scientific literature. Environmental Research Letters.

Narratif 19 (erroné) :

L’agriculture et l’élevage sont inoffensifs voire bons pour l’environnement (les prairies sont un puits de carbone)

à retenir :

Il existe des preuves formelles que les pratiques agricoles et d’élevage nuisent à l’environnement. Alors que les prairies naturelles ou peu exploitées stockent le carbone dans leurs sols, il est démontré que leur exploitation les font passer d’un puits à une source de gaz à effet de serre. Et les quelque 1,5 milliard de vaches/bovins élevés par l’homme émettent chaque année plus de 100 millions de tonnes métriques de méthane, un puissant gaz à effet de serre qui contribue au réchauffement de la planète. Certaines pratiques agricoles sont également liées à la déforestation[1] et à la dégradation des sols[2].

Résumé :

Les pratiques agricoles et d’élevage ont un impact sur l’environnement de plusieurs façons, à la fois directement par la dégradation des sols et la déforestation[1,2], et à long terme par les émissions de gaz à effet de serre qui réchauffent la planète[3,4]. 

Contrairement à la combustion de combustibles fossiles, qui ne fait qu’émettre des gaz à effet de serre sans les stocker ni les éliminer, les pratiques agricoles impliquent des systèmes biologiques, tels que les prairies, qui font les deux. Par exemple, il y a plus de 1,5 milliard de bovins sur Terre qui, ensemble, émettent 100 millions de tonnes métriques de méthane chaque année, un puissant gaz à effet de serre qui réchauffe la planète. 

Les prairies peuvent également contribuer à capturer et à stocker le carbone, aidant ainsi à éliminer le dioxyde de carbone (CO2) de notre atmosphère[5]. Cependant, dans un article publié en 2021, des scientifiques ont analysé les émissions des prairies et ont constaté que, pour la période 1750-2012, le réchauffement climatique dû aux prairies exploitées a annulé l’effet de refroidissement du carbone stocké par les prairies naturelles ou peu pâturées[6]. 

Bien que les systèmes de pâturage bien conçus aient un impact moindre sur le climat que les élevages industriels, certains pâturages sont plus néfastes en raison des pratiques d’utilisation des terres (par exemple, la déforestation et la dégradation des sols)[4]. Enfin, la plupart des animaux d’élevage ne sont pas élevés dans des prairies ou des pâturages ; selon les estimations mondiales, environ 74 % du bétail mondial est élevé dans des élevages industriels.

En savoir plus :

Références :

  1. Cederberg et al. (2011) Including Carbon Emissions from Deforestation in the Carbon Footprint of Brazilian Beef. Environmental Science and Technology. 
  2. Carswell et al. (2025) Agricultural practices can threaten soil resilience through changing feedback loops. Nature Partner Journals (npj) Sustainable Agriculture. 
  3. IPCC (2023) Climate Change 2023: Synthesis Report.
  4. Pierrehumbert and Eshel (2015) Climate impact of beef: an analysis considering multiple time scales and production methods without use of global warming potentials. Environmental Research Letters.
  5. Dass et al. (2018) Grasslands may be more reliable carbon sinks than forests in California. Environmental Research Letters. 
  6. Chang et al. (2021) Climate warming from managed grasslands cancels the cooling effect of carbon sinks in sparsely grazed and natural grasslands. Nature Communications.

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